La question de l’obligation vaccinale contre le Covid-19 pour l’ensemble de la population fait toujours débat et revient en force avec la nouvelle vague qui déferle sur la France. En effet, pour la première fois depuis le 6 juillet, le nombre de malades en réanimation est repassé au-dessus de la barre des 1.000, tandis que le bilan quotidien a frôlé les 30.000 le 28 juillet, s’établissant plus précisément à 27.934.
Dans ce contexte, le Premier ministre a affirmé que 96% des 18.000 cas de contamination par le Covid-19 recensés le 20 juillet n’étaient pas vaccinés. Un chiffre très proche, 94%, a été cité le 26 juillet par six médecins réanimateurs de la région PACA qui, dans une tribune, ont appelé à la vaccination, car, selon eux, les taux d'incidence «montent en flèche sur nos territoires», relate France Bleu.
Plus de 58% de Français favorables
Ainsi, dans son avis du 6 juillet dernier, le Conseil scientifique met en relief l’importance de cette obligation pour les soignants sans pourtant aller plus loin en exigeant la vaccination de tout un chacun.
En revanche, la Haute Autorité de santé a affirmé le 16 juillet dans un communiqué que «l’obligation de la vaccination de l’ensemble des professionnels en contact avec le public et au-delà en population générale» devrait être examinée «si elle s’avérait nécessaire et justifiée au vu du rythme de progression de l’épidémie et de son impact prévisible sur le système de santé».
L’Académie nationale de médecine et celle de pharmacie estimaient pour leur part cette option comme «la seule […] réaliste en termes de responsabilisation personnelle et d’engagement solidaire permettant de préserver sa santé, celle des autres et de parvenir à l’immunité collective».
Pour ce qui est de la population, 58% des Français se sont dits favorables à une telle perspective et 81% sont prêts à se faire vacciner ou le sont déjà, selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting publié le 1er juillet. Or, en novembre dernier, ils n’étaient que 38% à se dire favorables à cette obligation, quelques semaines avant le début de la campagne vaccinale.
«Comment on fait»?
Pourtant, le gouvernement s’est toujours opposé à cette solution.
«Je veux aussi être clair: je ne rendrai pas la vaccination obligatoire», clamait le Président de la République lors de son allocution du 24 novembre 2020.
Le gouvernement estimait pour sa part pouvoir obtenir une couverture vaccinale assez importante tout en respectant l’avis de chacun.
Pour Olivier Véran, le pass sanitaire et l’obligation vaccinale des soignants sont suffisants pour lutter contre l’épidémie. Interrogé au Sénat et à l’Assemblée nationale sur l’obligation vaccinale pour l’ensemble de la population, il a été catégorique.
«J’accueille positivement les propositions dans ce sens, mais ce n’est pas le choix que nous faisons. Nous avons l’exemple de la vaccination obligatoire chez les nourrissons parce que c’est simple […]. En revanche, chez les adultes, je ne sais pas comment on fait! Comment on fait avec une personne qui a 50 ans et qui n’est pas vaccinée? Elle ne peut plus faire ses courses? On lui met une amende à chaque fois qu’elle sort de chez elle?»
Mais aujourd’hui, sur fond de quatrième vague de la maladie, la vaccination contre le Covid-19 va devenir obligatoire à partir du 15 septembre pour certains travailleurs, ceux qui sont en contact avec des personnes vulnérables, comme le personnel soignant et non-soignant des hôpitaux, cliniques et Ehpad ou encore les ambulanciers et les pompiers. Une idée qui divise les personnalités politiques.
Réactions
L'eurodéputé Europe Écologie-Les Verts Yannick Jadot avait lancé un «oui» assuré questionné sur France Info dès novembre dernier au sujet de la nécessité de rendre le vaccin obligatoire.
«Les petits commerces qui sont en train de mourir, nos personnes âgées dans nos familles qui sont tétanisées à l’idée de sortir, de voir leurs petits-enfants, nos relations sociales qui se sont terriblement affaissées», avait-il indiqué, citant les problèmes apportés par la pandémie de Covid alors même qu’aucun vaccin n’avait encore été enregistré en France.
Invité du Grand Jury RTL-Le Figaro, François Bayrou (MoDem) a déclaré le 4 juillet dernier que depuis le premier jour de l’épidémie, il estimait que «la seule issue était la vaccination».
«J'ai toujours pensé que ça finirait par la décision collective de rendre la vaccination obligatoire», a-t-il indiqué.
De l’autre côté, il y a Florian Philippot, président des Patriotes, le parti qu’il a fondé en 2017. Ferme opposant au pass sanitaire, il s’est rendu le 28 juillet en Italie pour participer à une manifestation contre ce document… muni d’un pass sanitaire.
Ou encore François Asselineau (UPR) qui ne manque pas une occasion de confirmer son opposition aux mesures du gouvernement et qui a participé, samedi 24 juillet, à une manifestation «contre la dictature sanitaire», comme environ 161.000 personnes à travers tout le pays.
Ou Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France (DLF), qui s’élève lui aussi contre le pass sanitaire et l’obligation vaccinale même pour les soignants.