Environ 400 sans-abri, dont des familles avec enfants et des mineurs non accompagnés, ont planté des tentes jeudi à Paris sur la très chic place des Vosges, dans le IVe arrondissement, afin de demander à l'État «des solutions d'hébergement dignes et pérennes», a constaté une journaliste de l'AFP.
Ces sans-abri sont accompagnés par le «Collectif Réquisitions», qui regroupe plusieurs associations, dont Utopia 56, Solidarité migrants Wilson et le DAL.
En quelques minutes seulement, 300 tentes ont été installées à 13h00 sur les pelouses de la place des Vosges, réparties en trois espaces «familles», «hommes seuls» et «mineurs».
«Nous prévoyons de rester jusqu'à la mise à l'abri de l'ensemble des personnes présentes», a prévenu Philippe Caro, de Solidarité migrants Wilson.
«Nous sommes ici pour hausser le ton: il y a 400.000 logements vides en Île-de-France. Nous demandons une meilleure application de la loi sur les réquisitions», a-t-il poursuivi, évoquant l'ordonnance de 1945 qui permet à l'État d'installer des mal-logés ou sans-abri dans un logement vide depuis plus de six mois, et ce «pour une durée maximum d'un an renouvelable».
Sur les pelouses de la place des Vosges, touristes et badauds cohabitaient avec les centaines de tentes bleues, rouges et jaunes.
«Nous voulons montrer une autre face de Paris»
«Nous avons choisi ce lieu, car c'est un lieu touristique. Nous voulons montrer une autre face de Paris. Rendre visibles les invisibles, aussi dans les quartiers chics», a expliqué à l'AFP Pierre Mathurin, coordinateur d'Utopia 56 Paris.
Dans l'espace «famille», Touré, arrivée de Côte-d'Ivoire en février 2021, partage une tente avec ses deux enfants, âgés de quatre et six ans.
«Je n'ai nulle part où dormir alors cette action c'est un espoir pour moi. J'attendrai le temps qu'il faudra», soupire-t-elle.
Dans un communiqué, le DAL explique qu'il s'agit de la 9e action du «Collectif Réquisitions». En mai, cette organisation connue pour ses actions coup de poing et des sans-abri avaient occupé un gymnase appartenant à la mairie de Paris. Fin janvier, c'était une ancienne école maternelle du XVIe arrondissement, puis mi-février l'Hôtel-Dieu.
Le Collectif a «permis à près de 3.000 personnes de ne plus vivre dans la rue ou un abri de fortune. L'installation dans l'espace public de plusieurs centaines de sans-abri a été le seul moyen de faire respecter leur droit à être hébergés jusqu'à leur relogement», assure le DAL.
«Avec cette action nous voulons sortir d'un engrenage: au lieu de trouver des hébergements, l'État se repose sur nous. Nous trouvons des logements parce que personne d'autre ne le fait, mais on ne devrait pas être là pour pallier les manquements de l'État. Avec ces actions, on leur rappelle que c'est leur rôle, pas le nôtre», a dénoncé Pierre Mathurin.