Le Drian reconnaît l’existence de néonazis en Ukraine mais minimise l’ampleur du problème

En réponse à une sénatrice préoccupée par la propagation des mouvements néonazis en Ukraine, le chef de la diplomatie française a reconnu l’existence du problème mais a préféré ne pas remarquer certains faits flagrants.
Sputnik

À la veille de l’Euro 2020, l’Ukraine a été le seul pays européen à présenter un maillot pour son équipe arborant des slogans historiquement fascistes. Cependant, il semble que ce fait flagrant n’intrigue pas Jean-Yves Le Drian qui a estimé dans une réponse à la sénatrice UDI (Union des démocrates et indépendants) Nathalie Goulet que s’«il existe des groupes néonazis en Ukraine, leur popularité et leur influence ne sont pas plus importantes que dans d’autres pays européens».

La sénatrice, aux côtés de deux de ses collègues, avait visité fin mai l’Ukraine et avait constaté dans une question adressée le 10 juin au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères que les partis néonazis développaient «des activités de plus en plus visibles, y compris au centre de Kiev avec des stands de tir, des pratiques de montage et de démontage de Kalachnikov, et des bureaux d’embrigadement de jeunes dans des milices qui se revendiquent clairement de l’idéologie nazie».

En guise de preuve, elle a publié le 1er juin sur Twitter une vidéo montrant un stand de tir et des gens tenant des Kalachnikov. Il est possible d’y voir également une tente avec l’emblème du mouvement néonazi Secteur droit*.

​La réponse de Le Drian

L’élue de l'Orne a demandé à M.Le Drian quelles étaient les mesures que son ministère comptait prendre pour «éviter la contagion de cette idéologie mortifère».

Dans sa réponse publiée le 22 juillet, le ministre a souligné que les activités des organisations néonazies en Ukraine ne reflétaient «aucunement une tendance globale du pays». Il a reconnu tout de même que «le conflit dans l’est de l’Ukraine a effectivement mobilisé certains groupuscules extrémistes violents, mais la plupart ont, depuis, disparu».

«Les actes antisémites y sont moins fréquents que dans d’autres pays européens. Néanmoins, la France continue d’exercer la plus grande vigilance sur ce sujet», a ajouté le ministre.

L’ampleur du problème

Dans son récent article «Sur l'unité historique des Russes et des Ukrainiens», Vladimir Poutine a déploré que ces dernières années «les radicaux et les néonazis ont fait ouvertement et de plus en plus insolemment état de leurs ambitions» et qu’ils «ont été amadoués à la fois par les autorités officielles et les oligarques locaux».
Le Président russe a pointé entre autres «des marches et des défilés aux flambeaux […] organisés en l'honneur des criminels de guerre des formations SS qui n’ont pas été anéanties» et «cela sous la protection des autorités officielles».

En effet, un défilé honorant la mémoire de la division Waffen-SS Galicie, un groupe de volontaires ukrainiens engagés aux côtés de l'Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre mondiale, a eu lieu le 28 avril à Kiev.

Maillots polémiques

Début juin 2021, à la veille de l’Euro 2020, l’Ukraine a présenté des maillots pour son équipe comportant les contours du pays incluant la Crimée, péninsule redevenue russe en 2014. En plus de cela, ceux-ci comportaient la phrase «Gloire à l’Ukraine!», et à l’intérieur du col «Gloire aux héros!». Il s’agit de slogans qui ont été adoptés en 1941 en tant que salut par les membres de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN)* et de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA)* qui ont activement coopéré avec l’Allemagne nazie.

*Organisations interdites en Russie

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