Bleu pour un vol, orange pour un viol: les files d’attente séparées dans les commissariats déclenchent un tollé

La décision d’établir des files d’attente selon la nature des plaintes dans certains commissariats ne fait pas l’unanimité. Mais le ministre de l’Intérieur persiste et signe.
Sputnik

Gérald Darmanin a fait grincer quelques dents en dévoilant sur Twitter la nouvelle signalétique du commissariat d’Orléans, qui sépare les plaignants en files d’attente différentes, selon les crimes ou délits dont elles ont été victimes.

Le ministre de l’Intérieur a détaillé le fonctionnement de cet accueil, où les personnes victimes de viol, de violences conjugales ou intrafamiliales devront intégrer la file «avec un rond orange», quand les autres suivront celle «avec un rond bleu».

Une mesure qui a provoqué l’incompréhension des internautes, lesquels y voient une rupture du respect de l’anonymat des visiteurs. Sur Twitter, le journaliste de Causeur Aurélien Marq a ainsi dénoncé une «idée stupide et dangereuse de technocrates», permettant à chacun de savoir «pourquoi les victimes de viol et de violence intrafamiliales sont là».

Même critique pour l’essayiste Fatiha Agag-Boudjahlat, qui souligne que les victimes se rendant au commissariat n’ont pas forcément envie de «s’exposer aux regards des autres».

Un dispositif discret?

Les internautes ont notamment été choqués par la photo d’un article de La République du Centre, qui accompagnait le tweet du ministre de l’Intérieur. Sur celle-ci, les pastilles de couleurs orange et bleue se distinguent nettement, pouvant effectivement porter atteinte à l’anonymat des futurs plaignants.

Contacté par Le Figaro, le Service d'information et de communication de la police nationale (Sicop) affirme cependant que l’image «ne correspond pas à la réalité du dispositif», baptisé TAC (Tableau d'Accueil Confidentialité).

«Le TAC est un système discret, qui permet aux victimes de violences sexuelles, conjugales et intrafamiliales de poser la main sur une feuille avec le bon code couleur, ce qui déclenche une prise en compte adaptée de leur interlocuteur de l'accueil», explique ainsi le Sicop au quotidien.

Gérald Darmanin a lui-même tenté de mettre un terme à la polémique un peu plus tard, rappelant que le dispositif n’était pas nouveau et existait déjà au commissariat du Mans.

Malgré les critiques, le système devrait être étendu à toute la France d’ici la fin de l’année, a annoncé la Direction centrale de la sécurité publique (DCSP).

D’autres dispositifs existent à l’échelon national pour garantir la confidentialité des plaintes, comme la plateforme Arrêtons les violences. Celle-ci avait d’ailleurs été fortement sollicitée durant la crise sanitaire. Lors du second confinement, Marlène Schiappa avait ainsi indiqué que les signalements pour violences conjugales y avaient bondi de plus de 60%.

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