Jeff Bezos, le patron du géant de l'e-commerce Amazon et l’homme le plus riche du monde, a publiquement remercié ses salariés et ses clients pour son récent voyage suborbital, «parce que vous avez payé pour ça».
Le périple de 11 minutes, organisé par sa société spatiale Blue Origin, a suivi celui de Richard Branson, réalisé le 11 juillet. La fortune de M.Bezos est estimée à 211 milliards de dollars, mais en 2007 et 2011 il «n'a pas payé un centime d'impôts fédéraux sur le revenu», selon un rapport du média indépendant d’investigation ProPublica paru début juin.
Des priorités douteuses
De tels remerciements ont donc indigné de nombreuses personnes, dont des personnalités politiques qui les ont pris pour une provocation. D’autant que la société d'e-commerce est souvent critiquée pour les conditions de travail de ses employés. En effet, M.Bezos a fait d'Amazon un géant du shopping et du divertissement, mais a été confronté à un activisme croissant au sein de sa propre main-d'œuvre et à une pression accrue de critiques exigeant une amélioration des conditions de travail.
«Les employés d'Amazon n'ont pas besoin des remerciements de Bezos. Ils ont besoin qu'il arrête le démantèlement des syndicats et leur paie ce qu'ils méritent», a écrit sur Twitter Robert Reich, ancien secrétaire au Travail du Président Bill Clinton et professeur de politique publique à l'université de Californie à Berkeley.
L’injustice
Des employés ont notamment affirmé que l'entreprise ne leur offrait pas suffisamment de temps de pause, se concentrait trop sur des mesures de productivité rigides et avait des conditions de travail dangereuses. Une tentative pour syndiquer les travailleurs d'un entrepôt en Alabama a échoué cette année.
Pour sa part, la représentante de New York au Congrès, Alexandria Ocasio-Cortez, la plus jeune parlementaire jamais élue, a répliqué sur Twitter: «Oui, les employés d'Amazon ont payé pour ça, avec des salaires inférieurs, l’antisyndicalisme, des conditions de travail inhumaines et des livreurs qui n'ont pas d'assurance maladie en pleine pandémie. Et les clients d'Amazon ont payé pour ça, avec Amazon qui profite de son pouvoir sur le marché pour écraser les petites entreprises.»