Trois policiers ont été mis en examen pour des violences sur un jeune homme de 19 ans qui a reçu près d'une trentaine de décharges de taser lors d'un contrôle en janvier à Cormeilles-en-Parisis (Val-d'Oise), a-t-on appris mardi de sources proches de l'enquête.
Les trois policiers du groupe de sécurité de proximité d'Argenteuil (GSP) ont été mis en examen pour «violences volontaires par personnes dépositaires de l'autorité publique» et placés sous contrôle judiciaire. Le chef de la brigade qui a utilisé le pistolet a été interdit d'exercer dans le cadre de son contrôle judiciaire.
Les faits se sont déroulés le 29 janvier dans un hall d'immeuble, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Paris.
Cinq policiers du GSP d'Argenteuil effectuent une patrouille lorsqu'ils croisent un groupe de jeunes. Ils décident de les contrôler. Ces derniers s'enfuient mais l'un d'entre eux est rattrapé par un fonctionnaire de police.
Son téléphone est fouillé et l'un des membres du GSP tombe sur une photo d'un policier de la BAC d'Argenteuil «en bas résille et maquillé».
«T'aimes bien la police?»
L'agent «s'énerve» et «me dit "t'aimes bien la police?" et me met un coup de patate et 27 coups de taser», témoigne le jeune homme auprès de l'AFP.
Sur sa plaie au visage, un policier «verse du gel hydroalcoolique et du Doliprane en poudre» et l'«abandonne» dans le hall de l'immeuble, raconte la victime encore traumatisée par le déchaînement de violence.
Il est aidé de ses amis pour rentrer chez lui. Le jeune homme se rendra avec sa mère au commissariat d'Argenteuil pour déposer plainte. «On a attendu des heures pour prendre ma plainte. Les policiers ont fait croire à ma mère que j'avais du stup'«, détaille le jeune homme.
L'enquête a démontré que le pistolet à impulsion électrique utilisé par le brigadier en chef a été mis en marche 27 fois en dix minutes, selon une source proche du dossier.
Lors d'une confrontation, «l'un des policiers va passer aux aveux et reconnaît les violences de son supérieur hiérarchique», poursuit cette source.
«Ce qui s'est passé est inadmissible, déplore l'avocat de la famille Ian Knafou. Il y a des violences commises par des policiers qui sont des individus dangereux. Ce sont des délinquants qui ont infiltré la police.»
Selon l'avocat, «la difficulté dans ces affaires est que la parole des victimes de ces violences n'a aucun poids: il y a une présomption de mensonge dans leurs propos alors qu'il y a une présomption de vérité dans celle de la police».
«S'il n'y avait pas eu le témoignage du collègue (policier) et l'analyse du taser, cette affaire comme toutes les autres auraient été classées sans suite», regrette Me Knafou.