«Elle a récidivé lors de la manifestation d’hier. Cela n’est plus supportable», ont expliqué certains membres du groupe parlementaire Libertés et territoires en réclamant l’exclusion de la députée Martine Wonner. L’élue avait appelé les manifestants contre le pass sanitaire et le vaccin anti-Covid à refuser «la ségrégation» et à «faire le siège des parlementaires».
Suite à cet appel relayé par les membres du groupe, notamment Olivier Falorni, Jeanine Dubié et Sylvia Pinel, Mme Wonner a été exclue de Liberté et territoires, ce qu’atteste un communiqué publié le 18 juillet. Le texte juge que «de tels propos sont intolérables» bien que «les débats comme les critiques envers la gestion de l’épidémie de Covid-19 par l’exécutif [soient] légitimes».
Intervenante régulière à des manifestations anti-vaccins, la psychiatre de formation fustige les vaccins à ARNm, le port du masque et les dernières mesures sanitaires.
«Allez faire le siège des parlementaires, allez envahir leurs permanences pour dire que vous n’êtes pas d’accord», a-t-elle lancé lors de la manifestation à Paris le 17 juillet. La députée a encore déclaré: «Jamais nous n’accepterons cette dictature», «nous devons refuser la ségrégation» entre vaccinés et non vaccinés, et «nous devons refuser la stigmatisation».
Des propos controversés
En avril, Martine Wonner avait déjà qualifié les individus qui seront vaccinés de «cobayes», lors d’un rassemblement de citoyens «pour la défense des libertés» à Quimperlé, en Bretagne. Elle avait justifié ses propos par l’absence d’évaluation de tous les effets secondaires, laquelle ne pourra se produire qu’en 2022 ou en 2023.
Depuis plus d’un an, cette députée du Bas-Rhin alimente les polémiques par son opposition à la gestion de la crise sanitaire. Elle a été la seule députée La République en marche (LREM) à avoir voté contre le plan de déconfinement en mai 2020, une décision qui a entraîné son exclusion du groupe, après quoi elle a quitté le parti.
En octobre 2020, elle s’était fait remarquer par son accusation portée à l’encontre d’Olivier Véran de vouloir «faire mourir des personnes en réanimation», après qu’il avait annoncé 300 personnes en soins intensifs, lesquelles étaient «intubées et ventilées».
Indiquant que seuls 20 à 30% des patients admis en soins intensifs sont intubés, les autres recevant de l’oxygène, la psychiatre de profession avait conseillé lors d’une séance à l’hémicycle au ministre de la Santé de «réviser» les données, sous prétexte que «c’est extrêmement grave ce que vous dites devant la représentation nationale».
Celui-ci avait riposté en qualifiant ses propos d’une «gravité totale» et avait exprimé sa colère contre son attitude envers le Covid-19 considérée comme une «grosse grippe» par la médecin.
Des suites pénales?
Après les récents propos de l’ex-députée LREM, le chef des députés de la majorité Christophe Castaner a sollicité le président de l’Assemblée Richard Ferrand, dont la permanence avait été envahie par une quinzaine de manifestants anti-vaccins, afin de «saisir le procureur de la République de Paris, afin de vérifier la véracité des propos tenus ainsi que les éventuelles suites pénales qu'il pourrait y donner». Il a également rappelé les récentes menaces de mort et insultes proférées à l’encontre de certains élus après les annonces d’Emmanuel Macron.
La députée s'est défendue en évoquant que ses propos ont été «surinterprétés». «Il s’agissait de répondre en direct aux citoyens qui ne supportent plus les non-réponses par mail, téléphone ou courrier de leurs élus», a-t-elle expliqué auprès de l’AFP.
Elle a condamné les intimidations de plusieurs députés, tout en notant subir «des harcèlements, menaces de mort et autres intimidations» «sans discontinuité depuis plusieurs mois», lesquels ne sont pas traités «avec autant d’égard».