Un ancien professeur de Mohammed ben Salmane raconte ses espiègleries

«En tant qu’aîné de ses frères, il avait l’air d’être autorisé à faire ce qu’il voulait». Un professeur d’anglais embauché par le prince saoudien Salmane ben Abdelaziz pour enseigner à ses fils s’est confié sur l’enfance de Mohammed ben Salmane, actuel homme fort de l’Arabie saoudite.
Sputnik

Rachid Sekkai, professeur algéro-britannique d’une école huppée de Djeddah, une ville saoudienne au bord de la mer Rouge, a enseigné pendant plusieurs mois l’anglais aux fils de Salmane ben Abdelaziz, parmi lesquels Mohammed ben Salmane (MBS). Il a accepté de témoigner au journaliste du New York Times Ben Hubbard pour son livre «MBS: la montée en puissance de Mohammed ben Salmane» paru en 2020. Jeune Afrique en a publié un extrait.

Les faits ont lieu en 1996 alors que Salmane ben Abdelaziz, qui n’est pas encore roi, se rend pour plusieurs mois à Djeddah et cherche un professeur d’anglais pour ses enfants.

Son choix tombe sur Rachid Sekkai qui accepte sans trop hésiter. Il bénéficie désormais d’une voiture avec chauffeur qui l’emmène le matin à l’école et le soir dans le complexe somptueux de Salmane.

Au début de son premier cours, il peine à retenir la concentration des trois princes alors que le quatrième, le plus âgé, fait son apparition et trouble définitivement la leçon.

Un garçon autorisé à faire ce qu’il veut

«En tant qu’aîné de ses frères, il avait l’air d’être autorisé à faire ce qu’il voulait», témoigne Sekkai.

Il se souvient que Mohammed ben Salmane, âgé à l’époque de 11 ans, pouvait, par exemple, emprunter un talkie-walkie et débiter des «remarques effrontées» sur lui pendant le cours, faisant rire les gardes et ses petits frères.

«Dans ce palais il était celui dont tout le monde prenait soin. Il avait l’attention de tout le monde», confie Rachid Sekkai cité par Jeune Afrique.

«20 ans plus tard, cet élève indiscipliné est devenu le numéro deux du royaume, alors que rien ne laissait présager que le tour de ce prince arriverait un jour. Au moyen d’une politique brutale et inédite pour l’Arabie saoudite, il s’est depuis imposé comme le personnage le plus important du royaume et de la famille royale, après son roi de père», conclut l’hebdomadaire.

Les controverses du prince héritier

Depuis que MBS est prince héritier, la brutalité va de pair avec l’innovation.

Selon un rapport de la CIA déclassifié par la Maison-Blanche fin février dernier c’est lui qui a validé l’opération visant à «capturer ou tuer» le journaliste Jamal Khashoggi, assassiné en octobre 2018 dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul.

Les accusations ont été formellement rejetées par MBS qui a néanmoins assumé sa responsabilité en tant que dirigeant de fait du royaume. 

D’autre part, il brise des traditions séculaires et tente de moderniser son pays à coup de réformes sociétales avec le «plan Vision 2030». Il a notamment autorisé les femmes à vivre seules sans la permission d’un tuteur masculin, à conduire, à obtenir un passeport pour voyager, à voter.

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