"Il est évident que nous ne serons pas capables de nous entendre avec son excellence le président", a dit le Premier ministre désigné à des journalistes à l'issue d'un entretien d'à peine 20 minutes avec Michel Aoun. "C'est pourquoi je me retire de la formation d'un gouvernement."
Aucune personnalité ne se dégageant de manière évidente pour tenter de former un gouvernement, tâche revenant à un sunnite selon la Constitution libanaise, le retrait de Saad Hariri risque de retarder un peu plus la mise en oeuvre de réformes exigées par la communauté internationale, notamment la France, pour fournir au Liban une aide à même de le sortir de ce que la Banque mondiale a qualifié de pire récession de l'histoire moderne.
La devise libanaise a perdu plus de 90% de sa valeur en moins de deux ans, faisant basculer une grande partie de la population dans la pauvreté sur fond de pénuries générales dans la vie quotidienne.
Saad Hariri a déclaré que Michel Aoun réclamait des changements fondamentaux dans la composition du gouvernement qu'il lui a soumis mercredi. Selon sa version de leur entretien, le chef de l'Etat lui a déclaré qu'ils ne pourraient pas parvenir à un compromis.
La présidence libanaise n'a fait aucun commentaire dans l'immédiat.
Saad Hariri a été désigné en octobre au poste de Premier ministre après la démission d'Hassan Diab à la suite de l'explosion au port de Beyrouth, qui a fait des centaines de morts et dévasté une partie de la capitale le 4 août 2020.
Cette explosion a alimenté la défiance d'une grande partie de la population à l'égard de la classe politique du Liban, accusée d'incompétence, de népotisme et de défense de ses intérêts particuliers au détriment de l'intérêt général.
La France réclame depuis des mois la formation d'un nouveau gouvernement et la mise en place de réformes comme condition au déblocage de milliards de dollars d'aide.
L'Union européenne a fait savoir lundi qu'elle comptait adopter d'ici fin juillet le cadre juridique d'un régime de sanctions contre les dirigeants libanais.