«Choquant»: le prince héritier d'Abou Dhabi privatise deux hôtels en Haute-Savoie

À l’occasion de l’arrivée du prince héritier d'Abou Dhabi dans sa luxueuse villa de Haute-Savoie, près du lac Léman, deux hôtels seront inaccessibles pendant deux mois pour le public, et pour cause… Ils sont réservés au personnel du futur roi. La fermeture alimente la polémique.
Sputnik

Impossible de réserver pour les mois de juillet et août une chambre dans le Novotel d’Annemasse et le Mercure de Gaillard. Tous les deux sont privatisés pour deux mois par la famille royale des Émirats arabes unis, rapporte RTL.

Les deux établissements de milieu de gamme, 200 chambres en tout, accueillent le personnel au service du prince Mohammed ben Zayed Al Nahyane. Actuel ministre de la Défense et futur roi des Émirats arabes unis, il possède une propriété non loin, dans la commune de Vétraz-Monthoux. Située sur une colline avec vue sur le lac Léman, la villa se trouve à une dizaine de kilomètres de Genève.

Selon Le Dauphiné Libéré, cette privatisation s’applique non seulement aux chambres, mais aussi aux bars et aux restaurants des deux hôtels. L'hebdomadaire Le Messager rapporte qu’un troisième établissement pourrait également être réservé.

La fermeture au public, une première pour ces communes, n’est pas passée inaperçue.

«Qu'un État puisse décider de privatiser deux hôtels dans une agglomération au moment où commence une saison touristique, c'est quand même choquant», avance auprès de RTL le maire d'Annemasse, Christian Dupessey, en déplorant une décision «qui n'est pas très démocratique».

Bien que le prince héritier possède la villa à Vétraz-Monthoux depuis les années 90, c’est la première fois que des établissements ferment à cause de son séjour. Précédemment, il louait des hôtels à Genève.

«Je suis scandalisé. Je suis choqué de cette conception selon laquelle l’argent peut tout. C’est à l’opposé de nos valeurs à Annemasse», poursuit le maire auprès du Dauphiné Libéré.

Adrien Genier, directeur de Genève tourisme cité par l’édition suisse de 20 Minutes, se dit en revanche «content pour nos voisins, car c’est toute l’industrie touristique qui a souffert de la pandémie».

Un héliport privé

Le prince a déjà créé la polémique en 2018, quand il avait voulu construire un héliport à côté de sa villa pour ses déplacements depuis Genève.

En juillet 2018, il a déposé un projet de création et d’utilisation d'une hélistation privée de 900 mètres carrés. Selon le dossier déposé auprès de la préfecture de Haute-Savoie, l’héliport ne serait utilisé que pour environ 10 rotations pendant l’année. En décembre 2018, la préfecture a donné son feu vert, ce qui a été reçu avec mécontentement par les habitants.  «Nous, on nous refuse la construction d'une cabane de jardin, alors que le prince, lui, a tous les droits», s'énervait auprès du Parisien un voisin.

Pour se rendre à la villa, le prince et sa famille disposent de deux hélicoptères de type Agusta-Westland, dont le coût unitaire atteint les sept millions de dollars. Michelle Amoudruz, maire de la commune, a expliqué au Parisien qu’elle avait pu négocier pour que la famille utilise de «petits hélicoptères, moins bruyants».

Plage publique fermée

Le futur roi des Émirats arabes unis n’est pas la première personnalité pour laquelle des espaces publics sont monopolisés.

Ainsi en juillet 2015, à cause de séjour du roi d’Arabie saoudite dans les Alpes-Maritimes, la préfecture a dû fermer une plage publique. Cette dernière était située en contrebas de la propriété du roi Salmane à Vallauris Golfe-Juan. L'interdiction provisoire d'accès a suscité le mécontentement des habitués et de la maire de la commune qui a même adressé une lettre de protestation à François Hollande et au ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

De plus, pour faciliter l’accès du monarque à la mer, son personnel a fait construire un ascenseur. Les services de l'État ont accepté cette installation en échange d'une redevance et d'un démontage à l'issue du séjour.

Le roi était sous protection policière de la France. Le sous-préfet de Grasse, cité par Ouest-France, a expliqué que ces mesures étaient appliquées à tous les chefs d'État venant dans l’Hexagone.

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