Alors que certains pays du monde ont vacciné plus des deux tiers de leur population contre le Covid-19, la campagne est encore peu développée en Afrique, les différents gouvernements peinant à se procurer les doses nécessaires. En effet, le continent ne compte que six unités de production de vaccins établies dans cinq pays: le réseau des centres Pasteur dans les trois pays du Maghreb et au Sénégal, l’entreprise publique Vacsera en Égypte et l’institut public Biovac en Afrique du Sud. Ainsi, l'Afrique, un continent de 54 pays comptant au total 1,2 milliard d'habitants, ne produit actuellement qu’1% des vaccins qu'elle administre. Les 99% restants sont importés. D’après l’Organisation mondiale de santé (OMS), plus de 1,6 million de doses ont été fournies à l’Afrique par le biais du mécanisme Covax.
Égypte et Maroc
L’Égypte est devenue le premier pays du continent à fabriquer des vaccins. Fin juin, le pays a annoncé la production de ses premiers vaccins chinois Sinovac approuvé en urgence par l’OMS. Cette dernière a d’ailleurs «félicité» le 30 juin le pays pour la production des 300.000 premières doses.
L'Algérie, l'Afrique du Sud et le Sénégal ont annoncé des projets similaires.
Le Maroc leur emboîte le pays avec l’annonce d’un projet de fabrication locale du chinois Sinopharm avec «à court terme» une capacité de production de 5 millions de doses par mois, a fait savoir le 7 juillet l’agence de presse marocaine MAP, se félicitant de ce «mégaprojet de 500 millions de dollars».
Dans une interview accordée à Sputnik en novembre dernier, le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, avait déjà déclaré le souhait du Maroc «de devenir un producteur de vaccins en tous genres» afin «d’assurer l’autosuffisance du pays tout en approvisionnant le continent africain et [ses] voisins maghrébins».
Le nombre de primo-vaccinés dans le pays, qui compte 36 millions d’habitants, dépasse 10,3 millions. Celui des personnes ayant suivi la procédure dans son entier atteint plus de 9,2 millions, a fait savoir le ministère de la Santé du pays dans son bulletin du 10 juillet.
Sénégal
Dakar a lui aussi annoncé le 9 juillet la signature d’un accord avec plusieurs institutions, différents pays européens et les États-Unis, pour financer l’installation dans le pays d’une usine de production de vaccins.
La matérialisation de cette entente doit permettre de produire des vaccins à l’Institut Pasteur de Dakar (IPD) et d’ainsi réduire les importations. La construction de l’entreprise doit démarrer cette année avec une production attendue de 25 millions de doses de vaccin par mois d'ici la fin de l’année 2022.
Le projet est soutenu par la Commission européenne, la Banque européenne d’investissements, la Banque mondiale, les États-Unis, la France, l’Allemagne et la Belgique, aux côtés du gouvernement sénégalais et d’autres donateurs. Le ministère allemand de la Coopération et du Développement économique débloque pour le projet 20 millions d'euros, tandis que la France, au travers de l'Agence française de développement (AFD), a déjà octroyé deux premiers financements pour un total de 1,8 million d'euros au projet MADIBA (Manufacturing in Africa for Disease Immunization and Building Autonomy), indique la Commission européenne dans un communiqué du 9 juillet.
«Avec l'accord conclu aujourd'hui, l'Équipe Europe aide le Sénégal à franchir une étape importante vers la production de ses propres vaccins et la protection des africains contre le COVID-19 et d'autres maladies. Nous ferons davantage. Il ne s'agit que de la première partie d'une initiative beaucoup plus vaste de l'Équipe Europe pour soutenir la production de médicaments et de vaccins en Afrique», a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.
Le commissaire au Marché intérieur Thierry Breton, chargé du suivi de l'approvisionnement en vaccins, qui était présent à la cérémonie de signature, avait précédemment déclaré à Politico que l'objectif de la Commission était d'aider l'Afrique à atteindre «60% de production locale» de vaccins.
Le projet devrait coûter au total quelque 200 millions d’euros, a-t-il estimé lors d’une conférence de presse à Dakar. L’usine de production de vaccins sera implantée dans la nouvelle ville de Diamniadio.
Avec quelque 5,9 millions de cas et quelque 151.000 décès sur une population d’un peu plus de 1,2 milliard d’habitants, selon le site Our World In Data, l’Afrique demeure le continent le moins touché par la pandémie, après l’Océanie. Le taux de vaccination y reste cependant très faible, avec seulement 2,85% de la population totale.