Alors qu’Emmanuel Macron pourrait annoncer lundi l’extension du pass sanitaire et l’obligation vaccinale pour les soignants face à la nouvelle augmentation des cas, est-il nécessaire d’imposer des restrictions supplémentaires au niveau national en plus du maintien de diverses mesures? Non, estiment plusieurs spécialistes de la santé.
Devenu majoritaire en France, le variant Delta représente plus de la moitié des criblages réalisés. Mais «l'augmentation des contaminations ne justifie pas la mise en œuvre de mesures nationales contraignantes, telles qu'on les a connues lors des vagues précédentes», avance le 10 juillet sur Franceinfo Philippe Amouyel, épidémiologiste et professeur de santé publique au CHU de Lille.
La veille de la mise en place du premier confinement, le 17 mars 2020, la France a recensé environ 1.200 cas, contre près de 50.000 cas journaliers avant le deuxième, introduit le 30 octobre. Enfin, la veille du troisième confinement ayant débuté le 3 avril, plus de 35.000 cas en moyenne ont été recensés.
En une semaine, le nombre de nouvelles contaminations a presque doublé, avec 4.580 cas détectés le 9 juillet, contre 2.683 la semaine dernière. Pour le Pr Amouyel, la situation sanitaire de l’été 2020 semble se reproduire. Elle diffère toutefois de la précédente par la disponibilité des vaccins et par la connaissance de la dynamique des vagues épidémiques.
Une riposte proposée
Comme «le risque d'une quatrième vague rapide est là», selon le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, la campagne de vaccination devrait s’accélérer. Le ministre de la Santé Olivier Véran a plaidé le 8 juillet à Paris pour la vaccination qui est «efficace à 100% contre le confinement». La vaccination, une nouvelle arme contre le virus, qui s’ajoute aux gestes barrières, précise-t-il.
«Si on veut se débarrasser de ce virus, si on ne veut pas avoir à reprendre des restrictions, des mesures hyper contraignantes, il faut qu'on atteigne l'immunité collective», conclut Gabriel Attal, également présent.
Un avis partagé par l’épidémiologiste Philippe Amouyel qui pointe la situation sanitaire au Royaume-Uni. Ce pays présente un taux de vaccination plus élevé que celui de la France et connaît actuellement une remontée des cas, liée à la propagation du variant Delta. En dépit de la hausse des nouvelles contaminations, «la montée dans les hôpitaux semble assez limitée», note le médecin.
«Si on arrivait à ne pas aller jusqu'à 20.000 cas quotidiens – on peut l'espérer – en essayant de respecter encore un peu les mesures barrières, on pourrait peut-être avoir au final une "vaguelette", pas une vague comme celles qu'on a connues précédemment en France», conclut-il.
Pour Didier Lepelletier, coprésident du groupe de travail permanent Covid-19 au Haut conseil de santé publique (HCSP), il convient de respecter les mesures: port du masque à l’intérieur et à l’extérieur dans les endroits très fréquentés, lavage des mains, nettoyage des locaux, aération et ventilation… Celles-ci doivent être suffisantes pour stopper le virus. Par ailleurs, menacer de revenir en arrière, sur les mesures de déconfinement, serait incompréhensible pour le public, prévient-il auprès du Parisien.
L’imposition du masque à l’extérieur en été serait «inaudible» pour la population, d’autant plus que le virus circule moins dans la chaleur. Le vrai danger présente la rentrée, alerte M.Lepelletier.
Extension du pass sanitaire
Alors que l’application du pass sanitaire pourrait s’élargir pour assurer des zones de non-circulation du virus, Alain Fischer, le «monsieur vaccin» du gouvernement, soutient cette initiative.
«L’idée que l’on puisse utiliser son pass sanitaire non seulement pour aller au stade […] mais aussi pour se rendre au cinéma, au théâtre, au restaurant ne me choquerait pas», exposait le président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale.
Pour l’heure, le pass sanitaire est nécessaire lors des grands événements regroupant 1.000 personnes ou plus, pour les discothèques qui accueillent aux moins 50 clients, ainsi que pour pouvoir voyager en Europe et à l’international.