Deux semaines après le premier tour des élections régionales, le soufflet n’est toujours pas retombé au sujet de l’assesseure voilée qui œuvrait dans un bureau de vote à Saint-Denis.
Des propos désobligeants ont en effet été tenus à l’égard de l’intéressée, sur un groupe WhatsApp rassemblant des membres du cabinet de la mairie, rapporte France Bleu. L’assesseure y a notamment été traitée de «chauve-souris» par le directeur de cabinet de l’édile, à grand renfort d’émoticônes.
L’affaire a exacerbé les tensions au sein de l’équipe municipale de Mathieu Hanotin (PS), déjà échaudée par le remaniement de certaines délégations. Ce 6 juillet, trois adjoints ont finalement présenté leur démission et quitté le groupe majoritaire, rapporte la mairie dans un communiqué.
Parmi eux, Brahim Chikhi qui dénonce une forme «d’omerta» face à ce type de comportements au sein de l’exécutif local.
«Je suis extrêmement choqué. Moi en tant que fils de “chauve-souris”, je trouve ça blessant […]. Pourtant ce directeur de cabinet n'a pas été sanctionné, il n'y a pas eu de rappel. Il y a une sorte d'omerta, tout le monde était au courant, mais personne n'osait en parler, mais pour moi on n’a pas sa place à Saint-Denis si on a ce genre d'humour», a ainsi déclaré l’ex-adjoint à France Bleu.
La mairie affirme pour sa part que la démission des adjoints n’est liée qu’à la refonte des postes, rappelant que Mathieu Hanotin avait lui-même pris la défense de l’assesseure voilée au soir du premier tour, rapporte encore la radio publique.
Voile dans les bureaux de vote
La polémique sur cette assesseure voilée avait été lancée après un cliché de Jordan Bardella, candidat RN en Île-de-France, qui avait posté sur Twitter une photo lors de son passage aux urnes, le 20 juin. L’image le montrait en train d’émarger face à l’intéressée, après avoir voté.
Cette publication avait créé un tollé, certains y voyant une atteinte directe à la laïcité, comme Céline Pina, cofondatrice du Printemps républicain.
Le maire de Saint-Denis avait été forcé de clarifier la situation, rappelant que rien n’interdit à une assesseure d’exercer voilée dans un bureau de vote. Seul le président du bureau est en effet tenu à la neutralité religieuse, en tant que représentant de l’État.
Un cas similaire était également survenu à Vitry-sur-Seine, lors du premier tour des régionales, mettant cette fois en cause une présidente de bureau de vote, elle aussi voilée. La préfecture du Val-de-Marne avait finalement obligé celle-ci à changer de poste, après des plaintes d’électeurs. Le maire PCF de Vitry-sur-Seine avait admis avoir donné son assentiment à cette présidente en toute connaissance de cause.
Ces controverses sont remontées jusqu’aux bancs de l’Assemblée nationale, donnant lieu à des échanges houleux. Marlène Schiappa a notamment salué le civisme de l’assesseure de Saint-Denis, face au député Éric Ciotti (LR).