Alors que les craintes sur une quatrième vague de Covid sont de retour et que la couverture vaccinale est toujours insuffisante pour atteindre l’immunité collective, la pneumologue Irène Frachon, devenue une figure phare du combat contre les escroqueries des acteurs pharmaceutiques, est sortie de sa réserve pour inciter les réticents à se faire immuniser.
Dans une prise de position publique, elle se distancie des antivaccins et insiste sur la fiabilité des études cliniques.
«Pour ceux [les vaccins] qui ont été validés en Europe, leur très grande efficacité mise en évidence dans les études conduites avant leur autorisation de commercialisation a été confirmée par les analyses menées sur de grands effectifs de population vaccinée. Le bénéfice est prouvé et massif», écrit-elle dans une tribune parue dans Le Parisien du 5 juillet.
À l’instar des autorités sanitaires, la pneumologue répète que les effets secondaires, comme le syndrome grippal, existent mais que les complications graves «sont exceptionnelles et les bénéfices du vaccin sont infiniment supérieurs aux risques du Covid».
«Par ailleurs, on n’a pas de médicament efficace si ce n’est pour traiter l’inflammation, grâce à la cortisone et à l’oxygène. Quand le virus dévaste la totalité du poumon, on ne peut plus rien faire et on assiste, impuissant, aux décès des patients», avance-t-elle dans une interview parue également dans Le Parisien du 5 juillet.
«Un amalgame qui ne fonctionne pas»
Elle affirme qu’en aucun cas la situation actuelle ne ressemble à celle avec le Mediator. Pour rappel, ce médicament coupe-faim avait causé la mort plus de 1.500 personnes sur fond de tromperie du fabricant, les laboratoires Servier, et de la passivité des autorités sanitaires.
«Beaucoup, notamment sur les réseaux sociaux, utilisent le drame du Mediator pour faire un amalgame qui ne fonctionne pas. On ne peut pas tout mettre dans le même sac», accentue Mme Frachon sur RMC ce 6 juillet.
«Je peux dire que c’est l’inverse du Mediator où dès le début, alors qu’on pouvait s’apercevoir que c’était un poison, on a fermé les yeux. Aujourd’hui, beaucoup de gens me font confiance et je leur dis: vous avez une solution, faites vous vacciner!», incite-t-elle dans Le Parisien.
La vaccination obligatoire
Au 5 juillet, après six mois de campagne de vaccination en France, 51,5% de la population totale, soit presque 35 millions de personnes, ont reçu au moins une injection. 37% de la population totale (24,8 millions) ont un schéma vaccinal complet.
C’est insuffisant pour atteindre l’immunité collective: selon les estimations de l’Académie nationale de médecine, 80% de la population, adolescents inclus, doit être vaccinée pour cela.
Le variant Delta considéré comme plus contagieux que la mutation Alpha (appelé précédemment variant britannique) est susceptible de devenir majoritaire sur le territoire métropolitain français dans un avenir proche. Pour l’instant, il représente un tiers des cas dans l’Hexagone et se propage vite.
Toujours d’après l’Académie nationale de médecine, parmi la population environ 15% sont «hésitants» et 15% sont des antivaccins. L’argument le plus populaire est le manque de recul sur ceux-ci et la défiance globale envers les autorités. Pour Jérôme Marty, médecin généraliste et président de l’UFML, interviewé par Franceinfo début juillet, ce sont les générations de 40 à 70 ans qui «se laissent convaincre par des porteurs de théories farfelues».
Un autre facteur qui pourrait faire monter la résistance est la probable obligation vaccinale sur laquelle se penche l’exécutif. Pour l’instant, il s’agirait de l’imposer à certaines professions, par exemple les soignants des Ehpad.