Lilia Hafsi avait été vue sur une vidéo, largement diffusée sur les réseaux sociaux le mois dernier, criant de nombreuses insultes racistes à l'encontre d'une caissière noire en sortant des caisses automatiques du supermarché.
Le procureur Bruno Badré avait requis à son encontre dix mois de prison, dont six ferme, afin de punir «des propos qui abîment le vivre-ensemble, qui fragilisent le pacte social qui fonde notre société».
Vidéo pour appuyer les faits
La femme de 34 ans a reconnu les insultes capturées sur la vidéo de 29 secondes, où on peut l'entendre lancer à la caissière «Sale négresse va, sale Noire! Y a que les Noirs pour faire ça. Tu vois les Africains comme toi, ça donne envie de les tuer».
À la barre, basket bariolées et vêtements noirs, la prévenue s'excuse, assure que ses mots «ont dépassé (ses) pensées» et prétend avoir répondu à des insultes qu'aurait proférées la caissière, qui s'inquiétait d'un possible vol à la caisse automatique - vol dont le tribunal l'a finalement jugée coupable.
«Elle m'a agressée comme je l'ai agressée», a-t-elle assuré à la présidente.
«Madame Hafsi est une habituée de ce comportement», lui a répondu le procureur, lui rappelant ses onze condamnations inscrites au casier judiciaire, dont une dernière en 2020 pour vol et menace de mort sur le vigile d'un magasin de Grenoble.
«En dépit des mois, elle n'a pas fait évoluer son comportement», a-t-il regretté dans ses réquisitions.
«Elle nous a humilié», s'est remémoré le vigile à la barre, qui avait la scène en vidéo. «Nous, nous sommes fiers d'être Noirs», a-t-il ajouté.
«Je me suis sentie humiliée, rabaissée.. J'ai même pas les mots pour vous le dire», a témoigné la caissière de 49 ans. Au moment des insultes, «je tremblais; je ne savais pas quoi faire; je ne pouvais plus bouger».
Depuis ce 3 juin, placée en accident du travail, elle n'est pas retournée travailler: «J'ai peur de reprendre».
Dénonçant «la chronique banale du racisme ordinaire», son avocat Emmanuel Daoud a dénoncé un acte «attentatoire à la dignité humaine».
Ces insultes sont «comme une balle» dont «il faut du temps pour cicatriser», a-t-il plaidé.
Sa place «n'est pas en détention pour un événement pareil», avait de son côté avancé David Metaxas, l'avocat de Lilia Hafsi.