À moins d'un an de l'élection présidentielle, les chances de réélection d'Emmanuel Macron dépendent en partie de la solidité d'un rebond économique qui commence à profiter à certaines industries majeures du pays, comme les fabricants de produits de luxe et les exportateurs d'énergie.
S'exprimant lors d'une conférence économique annuelle à Aix-en-Provence, certains dirigeants d'entreprises ont mis en avant des problèmes persistants sur le marché du travail, dont une pénurie de travailleurs qualifiés, qui se sont amplifiés avec la crise sanitaire du coronavirus, alors que les entreprises tentent de faire face au rebond de la demande.
Le directeur général d'un important groupe industriel français a indiqué que son entreprise avait publié des annonces pour 150 postes vacants dans deux usines du pays, mais qu'aucun CV n'avait été reçu.
«La crise a peut-être anesthésié la relation des gens avec le travail», a-t-il déclaré à Reuters en marge des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, ajoutant cependant que le problème était davantage d'ordre mondial, avec des difficultés similaires rencontrées aux États-Unis.
Quand l'épidémie de coronavirus s'est propagée en France, en début d'année dernière, le gouvernement a mis en place un système avantageux de chômage partiel et des millions de salariés ont basculé vers le télétravail.
Si les salariés ont dans un premier temps apprécié de travailler depuis chez eux, ils sont depuis lors entrés dans une seconde phase dans laquelle ils remettent en question leur rapport à leur entreprise et à leurs collègues, selon le patron de La Poste.
«Je pense qu'il y a une vraie question sur la fin du salariat», a lancé Philippe Wahl à un panel lors de la conférence.
Près de la moitié des entreprises du bâtiment, 41% des entreprises du secteur des services et un quart des firmes industrielles peinent à recruter des travailleurs, montre la dernière enquête de la Banque de France.
Aux yeux de certains, le mal est plus profond que cela, avec des problèmes fondamentaux non liés au Covid-19. Pour Ross McInnes, le patron de Safran, il est nécessaire de revoir le système scolaire français. «Toutes nos entreprises ont du mal à recruter dans des métiers qui sont plutôt bien payés», a-t-il mis en valeur lors d'un débat.
En plus des soucis de recrutement, les entreprises du bâtiment et manufacturières éprouvent des difficultés à se procurer les matériaux nécessaires pour livrer leurs clients.
D'après l'enquête de la Banque de France, la moitié des entreprises du bâtiment font face à des problèmes d'approvisionnement, tandis que 70% des constructeurs automobiles sont concernés.
«C'est un bazar complet», a déclaré le patron d'un groupe manufacturier français à propos des chaînes d'approvisionnement. Il a ajouté que son entreprise avait mis sur pied 23 groupes de travail pour faire face à des problèmes spécifiques d'approvisionnement, contre deux habituellement. Le problème pourrait durer jusqu'à fin 2022, a-t-il affirmé.