«On va sortir de cette crise totalement maltraités et déconsidérés. On culpabilise les gens sans arrêt. L’atteinte aux libertés est terrible. Nous assistons à la décadence du monde et de la pensée en direct.»
Dire que Fabrice Di Vizio est très remonté serait un euphémisme. Pour l’avocat en droit de la santé publique, devenu figure de l’opposition aux mesures sanitaires gouvernementales, la préconisation de l’Académie nationale de médecine de ne plus rembourser les tests PCR et antigéniques dits «de convenance» ne passe pas du tout. L’objectif avoué de cette proposition? L’incitation à la vaccination, alors que le nombre de primo-vaccinés montre des signes de ralentissement dans le pays.
«L’Académie de médecine confond ce qu’est un acte médical et ce qu’est un acte commercial. On n’a pas à inciter qui que ce soit à la vaccination par la restriction d’accès à des mesures de santé. L’Académie de médecine ne fait plus de la médecine, elle fait de la politique», s’inquiète Fabrice Di Vizio au micro de Sputnik.
Ce lundi 28 juin, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a reconnu sur France Info que la question «se posera autour de la rentrée».
«Le gouvernement navigue totalement à vue»
Concrètement, il s’agirait d’interrompre le remboursement des tests «pratiqués pour convenances personnelles». Autrement dit, pour voyager, se rendre à un concert, à un festival ou en boîte de nuit, lorsque celles-ci rouvriront. Les tests à visée diagnostique, en cas de suspicion de contamination, resteraient quant à eux bien remboursés par la Sécurité sociale. «Parmi les facteurs qui peuvent détourner les individus de la vaccination, il faut s’interroger sur le recours répété aux tests RT-PCR ou antigéniques qui sont offerts gratuitement sur le sol français, à la différence de la plupart des pays européens», explique ainsi l’Académie de médecine dans un communiqué paru le 23 juin dernier.
Mais pour Fabrice Di Vizio, cette recommandation a tout de la fausse bonne idée:
«Si les gens ne se font pas vacciner et ne se font plus dépister [en admettant que le test devienne payant, ndlr], on aura une chute artificielle du taux d’incidence et, dès lors, on n’aura plus de mesures restrictives puisqu’elles sont prises en fonction de ce taux!»
L’autre argument invoqué par les scientifiques de l’Académie de médecine concerne bien entendu le coût que représente la gratuité des tests PCR et antigéniques pour la Sécurité sociale. «Cela revient très cher à la collectivité et le vaccin étant lui-même gratuit, il vaut mieux qu’ils se fassent vacciner», plaide le professeur Yves Buisson, président du groupe Covid-19 à l’Académie de médecine, auprès de RTL.
«En réalité, le gouvernement navigue totalement à vue. L’État se rend compte qu’il s’est montré bien trop généreux et on découvre les limites du fameux “quoi qu’il en coûte”. C’est toujours plus facile d’être généreux avec l’argent des autres, en l’occurrence avec l’argent des Français!», fustige Fabrice Di Vizio.
Un test antigénique coûte environ une trentaine d’euros à la Sécurité sociale, et environ 70 euros pour un PCR réalisé en laboratoire. Selon les chiffres de Santé publique France, plus de 90 millions de tests de dépistage ont été effectués depuis le début de la crise sanitaire, soit un coût total de plus de 4,5 milliards d’euros pour la Sécu.
Vers une vaccination obligatoire?
«Ce gouvernement est un gouvernement de menteurs qui a menti sur les masques et qui fait maintenant machine arrière sur les tests et sur la vaccination. Nous avons vraiment affaire à un gouvernement d’incapables. Plutôt que de reconnaître leur incapacité, les gouvernants font peser leur responsabilité sur les citoyens qui ont légitimement peur de se faire vacciner», éructe l’avocat des professionnels de la santé.
De fait, s’il dit «ne pas remettre en cause l’utilité de la vaccination», Fabrice Di Vizio s’en prend en revanche très vertement «à la manière dont elle se fait» en France. Pour notre interlocuteur, l’injonction à la vaccination avec des délais aussi courts est périlleuse d’un point de vue sanitaire.
«La vaccination doit se faire dans un climat serein, tranquille, en lien avec le médecin. Il faut arrêter de presser tout le monde avec des vaccins dont on ne connaît pas la réelle efficacité sur les variants», plaide l’avocat de Didier Raoult.
Pour rappel, le gouvernement a fixé l’objectif de 53 millions de Français primo-vaccinés d’ici à la fin de l’été. Un peu plus de 33 millions de Français ont reçu une première injection au 29 juin 2021, selon les chiffres du ministère de la Santé.
«La politique vaccinale sur le plan mondial n’a aucune espèce de légitimité, sinon de céder à un lobbying extrêmement puissant de l’industrie pharmaceutique. On va payer cher cette absence de discernement», prédit Fabrice Di Vizio.