Le président d'AstraZeneca France explique les raisons des retards de livraisons du vaccin à l’UE

Interrogé sur Europe 1, le président d'AstraZeneca France Olivier Nataf a reconnu vouloir «faire mieux» commentant les retards de fourniture des vaccins, tout en rejetant les accusations des 27 selon lesquelles l’entreprise privilégie certains pays à des fins commerciales.
Sputnik

Dans le procès contre AstraZeneca, l’Union européenne a accusé le laboratoire d’avoir octroyé sa préparation au Royaume-Uni au détriment des pays européens, avec en conséquence des retards de livraisons pour ces derniers. Le président d’AstraZeneca France Olivier Nataf a expliqué à Europe 1 que les «chiffres de rendement au niveau clinique» n’ont pas été «vérifiés immédiatement au niveau industriel» au moment où la vitesse importait.

«C'est en fait assez simple, même si effectivement, c'est quelque chose qui est fâcheux et que nous aurions toujours voulu faire mieux», a-t-il admis. «Quand vous passez d'une échelle clinique en termes de chiffres de production, à, très rapidement, l'échelle industrielle, il y a un mouvement d'amplitude que nous n'avons pas réussi à réaliser».

Le groupe suédo-britannique a en fait été contraint de livrer à l’UE 50 millions de doses de préparation anti-Covid d’ici à la fin septembre, selon le jugement du tribunal belge le 18 juin. Si Bruxelles comptait obtenir 120 millions de doses au premier trimestre, il n’en a reçu finalement que 30 millions et en a exigé encore 90 millions jusqu’à fin juin.

Il s’agit donc d’une quantité inférieure à celle réclamée, conformément au jugement.

Le chef de la filiale française d’AstraZeneca a en outre rejeté tout motif commercial: «C'est un vaccin que nous fabriquons à prix coûtant. Ça veut dire que nous ne réalisons aucun bénéfice sur ce vaccin», a-t-il insisté. «AstraZeneca ne fait pas d'argent sur ce vaccin».

Dates prévues

Selon le calendrier de livraisons établi par le tribunal belge, le laboratoire devrait fournir le vaccin à l’UE en trois étapes: jusqu’au 26 juillet 15 millions de doses, jusqu’au 23 août 20 millions de doses et jusqu’au 27 septembre 15 millions de doses encore.

Si les délais ne sont pas respectés, AstraZeneca devrait s'acquitter d'une amende de 10 euros par dose non fournie, contrairement à l’exigence de l’UE de 10 euros par dose et par jour.

Pascal Soriot, directeur exécutif du groupe suédo-britannique, avait de son côté affirmé au Financial Times que le rythme lent des campagnes vaccinales en Europe s’expliquait par «des investissements moins agressifs» comparativement à d’autres pays, plutôt que par les retards de livraisons.

«Ratio bénéfice-risque»

Confronté à la défiance en raison des cas de thrombose, le vaccin a été tout de même recommandé par l’Agence européenne des médicaments (EMA), qui a reconnu l’existence «de très rares cas de caillots sanguins».

Selon Olivier Nataf, «toute polémique est finalement contreproductive dans la mesure où elle ralentit effectivement la campagne de vaccination».

«C'est que le ratio bénéfice-risque dont on a beaucoup parlé est en faveur de l'utilisation de ce vaccin. C'est pour ça que de nombreux pays l'utilisent», a-t-il précisé à Europe 1, faisant écho à la conclusion de l’EMA.

La préparation a été d’ailleurs déconseillée par l’Agence aux personnes souffrant d’antécédents de maladie hémorragique rare. L'injection d'une deuxième dose d'AstraZeneca avait déjà été déconseillée aux personnes atteintes de troubles de la coagulation.

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