Charniers d'enfants et incendies d'église: mais que se passe-t-il au Canada? – photos

La vague d’incendies d’églises catholiques se poursuit au Canada, deux semaines après la découverte d’un millier de sépultures d’enfants anonymes près d’anciens pensionnats indiens. Les protestations contre l’assimilation des autochtones ne tarissent pas. Washington a décidé d’ouvrir une enquête sur des pratiques similaires aux États-Unis.
Sputnik

Deux églises catholiques ont encore été incendiées ce week-end en Colombie-Britannique, au Canada, portant à 5 ces incendies en quelques semaines.


Après la découverte de centaines de tombes anonymes d’enfants, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées le 27 juin devant la Cathédrale Saint-Paul de Saskatoon, ville située au centre de la province de Saskatchewan, relate Radio-Canada.

Les manifestants disent vouloir envoyer un message clair à l’Église catholique romaine. Ils exigent des actions et des comptes rendus sur les effets continus du système canadien d’assimilation des Indiens, qui a privé ces peuples autochtones de leur culture et de leurs proches.

La semaine dernière, plusieurs empreintes de mains avaient été faites avec de la peinture rouge sur la façade de cette église, accompagnées de tags «We Were Children» («Nous étions des enfants»), lors d’une manifestation qui a suivi la découverte des sépultures. 

​En outre, une statue de l’ancien pape Jean-Paul II située à l’extérieur d’un établissement de culte dans le centre de la ville d’Edmonton, dans la province de l’Alberta, a été vandalisée le 27 juin. Elle a été elle aussi couverte d’empreintes de mains rouges.

​Les États-Unis réagissent

Murray Sinclair, ancien sénateur et ancien président de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, a déclaré au Guardian qu’il fallait de toute urgence une enquête indépendante sur la mort de ces milliers d’enfants dans les pensionnats dirigés par l’Église «si le pays espère enfin affronter les horreurs de son passé colonial».

Washington a pour sa part annoncé la semaine dernière le lancement d’une enquête fédérale sur les pensionnats autochtones aux États-Unis. La secrétaire d’État à l’Intérieur, Deb Haaland, a ordonné la préparation d’un rapport qui recueille tous les documents historiques disponibles sur ceux-ci, en particulier sur les potentiels sites de sépulture.

La tragique découverte

Les corps de 751 enfants ont été découverts la semaine dernière dans des tombes anonymes d’un ancien pensionnat autochtone de l’ouest du Canada. S’en sont suivis des incendies d’églises catholiques en Colombie-Britannique. Les premiers feux ont suivi la nouvelle des restes de 215 enfants trouvés il y a moins d’un mois près d’un autre ancien pensionnat autochtone à Kamloops.

Le chef de la communauté de Lower Similkameen, Keith Crow, cité par Global News, a indiqué que les catholiques locaux étaient bouleversés par ces incendies, tout comme ils l’avaient été par les tombes anonymes. «Je soutiens tous mes membres, indépendamment de leur religion et de leurs convictions. J’espère qu’à long terme, ces personnes se feront prendre. C’est inacceptable», a-t-il dit.

Les drames en question

Les pensionnats autochtones, ou écoles résidentielles, étaient destinés aux enfants autochtones du Canada pour les évangéliser et assimiler. Cette pratique, qui les séparait de leurs proches, a existé des années 1820 jusqu’aux années 1990 et a concerné 115.000 jeunes. La violence et les abus sexuels y étaient pratiqués. En 2008, le gouvernement s’est officiellement excusé pour ces conditions inhumaines.

Au moins 3.200 enfants sont morts dans ces pensionnats, selon les évaluations de la Commission de vérité et réconciliation citée par Radio-Canada. Selon le ministre des Services aux autochtones, cela pourrait même être le double.

Vendredi dernier, Justin Trudeau a présenté aux autochtones les excuses de son pays et a appelé le souverain pontife à en faire de même, sans écarter la possibilité d’une enquête pénale. Le mois dernier, le pape François a exprimé sa peine pour ces enfants et a appelé au respect des droits et de la culture des peuples autochtones, sans pour autant formuler des excuses publiques au nom de l’Église catholique.

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