La Chine a déjà cumulé 109 milliards d’euros d’investissements pour la «Nouvelle route de la soie»

Le vaste projet chinois de «la Ceinture et la Route» ou «Nouvelle route de la soie» a déjà cumulé des investissements pour 109 milliards d’euros. Il pourrait cependant menacer d’endettement de nombreux partenaires de Pékin.
Sputnik

Le volume des investissements directs des entreprises chinoises dans les économies des pays participant à l'initiative «la Ceinture et la Route» a continué de croître rapidement, a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi lors d'une vidéoconférence retransmise le 23 juin sur le site du gouvernement.

«Au cours des huit dernières années, l’initiative “la Ceinture et la Route” est passée d'un croquis à une réalité, offrant d'énormes opportunités et des primes considérables aux pays du monde entier», a expliqué le chef de la diplomatie chinoise.

140 pays, a-t-il ajouté, ont déjà signé des documents sur la coopération dans le cadre de ce projet crucial. Le volume des échanges commerciaux entre la Chine et ses partenaires dans le cadre de cette initiative a dépassé 9.200 milliards de dollars (7.700 milliards d’euros), et les investissements directs des entreprises chinoises dans les pays partenaires ont dépassé 130 milliards de dollars (109 milliards d’euros), selon lui.

L’ambitieux projet

«La Ceinture et la Route» (également connu sous le nom de «Nouvelle route de la soie»), annoncée par Xi Jinping en 2013, vise à renforcer la coopération entre l'Asie de l'Est, l'Europe et l'Afrique de l'Est. Elle prévoit la création d’un vaste réseau d’infrastructures de transport en vue de former un «corridor économique» reliant la Chine à l’Europe occidentale par voie terrestre et maritime, en passant par l’Asie centrale, l’Asie Mineure, le golfe Persique, le Caucase et les Balkans, mais aussi par l’océan Indien et le golfe Persique vers la Méditerranée.

Un an après l’annonce, la Banque asiatique d’investissements pour les infrastructures (BAII), dotée de 50 milliards de dollars (42 milliards d’euros), et le Fonds pour la Route de la soie disposant de 40 milliards de dollars (33 milliards d’euros), ont été mis en place afin de réaliser des investissements dans les infrastructures régionales.

Un cheval de Troie?

L’évolution de ce superprojet a déjà donné quelques résultats mitigés. Ainsi, le Monténégro, qui a voulu développer ses infrastructures grâce à des banques chinoises, s’est retrouvé endetté auprès d’elles, ayant emprunté à Pékin 944 millions de dollars (791 millions d’euros) pour construire 41 kilomètres d’autoroute.

Dans un entretien avec Sputnik, Emmanuel Dupuy, président de l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE), a indiqué: «Cette logique gagnant-gagnant qui accompagne le projet chinois peut être perçue comme un cheval de Troie, mais il ne faut pas le découvrir maintenant. Le projet de “la Route de la soie” a été lancé en novembre 2013, il y a presque 10 ans, donc on se réveille un peu tardivement.»

Toujours d’après lui, l’initiative de Pékin viserait à faire sortir les entreprises chinoises de l’Empire du Milieu pour conquérir le monde et «à une stratégie particulière qui consiste à faire s’endetter un certain nombre de partenaires».

Or, souligne l’expert, «quand le Monténégro a appelé l’Europe à l’aide, aucun pays européen n’a souhaité investir».

Les membres du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie et Japon) se sont entendus, lors du récent sommet de Carbis Bay, pour proposer aux pays en développement un vaste programme en faveur de leurs infrastructures afin de concurrencer l'initiative chinoise.

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