«La sélection naturelle n’a jamais été la loi du plus fort, c’est complètement idiot. Avec le télétravail, elle va favoriser et défavoriser certaines pratiques», explique Pascal Picq.
L’auteur de l’ouvrage Les chimpanzés et le télétravail (Éd. Eyrolles) appelle à regarder la révolution du télétravail en cours avec les lunettes de l’évolutionnisme. Condamnée à s’adapter au cours de son histoire, l’humanité se retrouverait face à un nouveau défi avec la pratique du télétravail. Un «espace digital darwinien» est en création, avance le paléoanthropologue. Et gare aux entreprises qui resteraient en marge de cette «nouvelle adaptation». Une de plus dans l’histoire des hommes.
Expérimentée au cours des dix dernières années, la pratique du télétravail a connu un grand coup d’accélérateur avec la crise sanitaire du Covid-19. Avec son lot de désagréments: surcharge de tâches, burn-out, allongement des horaires, matériel informatique inadéquat, perte de sociabilité, confusion vie privée/vie professionnelle… Les effets d’«une période transitoire», relativise Pascal Picq, qui se veut optimiste: «des solutions existent déjà.»
Et le paléoanthropologue de s’appuyer, en tant que fin connaisseur des origines des premiers hommes, sur l’exemple des chimpanzés. Des cousins très proches de l’homme, en particulier dans leur capacité à se structurer entre eux, dynamiser leurs échanges et susciter l’innovation.
«Les chimpanzés, comme nous, fondamentalement, forment des communautés de fusion/fission. Ils vont fusionner, se mettre ensemble pour mener des actions très importantes d’un point de vue qualificatif, donc [des actions] sociales, politiques, affectives, sexuelles, récréatives etc. et puis fissionner, se diviser en sous-groupes ou individuellement, pour aller à d’autres taches», analyse Pascal Picq.