Un policier se fait traîner par un quad alors qu’il voulait stopper un rodéo sauvage

Un policier a dû arrêter de poursuivre un quad faisant un rodéo urbain à Béziers, comme le prescrit la nouvelle règle censée éviter accidents et émeutes, et a essayé de le stopper en sautant dessus. Il a été traîné au sol et s’est fait rouler sur une jambe avant que l’engin ne heurte un mur. Le conducteur était mineur.
Sputnik

Confrontés à l’interdiction de prendre en chasse les rodéos urbains mise en place début juin, des policiers de Béziers ont été contraints d’arrêter un contrevenant à mains nues. Tentant de le stopper, l’un d’eux a été blessé après avoir été traîné au sol, indique Midi Libre.

Le 25 juin, un quad de grosse cylindrée en train de faire un rodéo à toute allure a été aperçu dans les rues de Béziers, dans l’Hérault, raconte le quotidien. Les policiers l’ont rapidement pris en chasse avant d’abandonner l’opération. Ils ont attendu le contrevenant à la fin de la ruelle qu’il avait prise.

En s’approchant des deux fonctionnaires, le voyou a fait semblant de s’arrêter avant de foncer sur eux. Un policier a réussi à s’accrocher au véhicule. Il a été traîné sur plusieurs mètres et s’est fait rouler sur une jambe.

Il a toutefois saisi le casque de l’individu dont le quad a dérapé avant de finir sa course contre un mur. Le second agent a jeté au sol l’adolescent de 14 ans responsable, sans permis de conduire, précise le quotidien.

Présentant de nombreuses contusions, le policier blessé a été transféré aux urgences de la ville. Le mineur a été placé en garde à vue.

La réaction de l’État

Les cas de rodéos sauvages se multiplient. Pis encore, des civils et des fonctionnaires se retrouvent parfois percutés ou renversés, volontairement ou non.

Face à ce problème, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures. Premièrement, Gérald Darmanin a ordonné de réaliser une cinquantaine d’opérations dans les endroits les plus touchés par le phénomène, «en recherchant une occupation massive et stratégique des axes ou espaces empruntés», indique une note du 16 juin envoyée au directeur général de la police, Frédéric Veaux.

En deuxième lieu, il faut détecter les lieux de stockage des deux-roues et, enfin, les saisir.

Quant aux courses-poursuites, celles engagées à l’encontre des deux-roues ou quatre roues sont proscrites depuis le 2 juin. 

Cela concerne les cas où le conducteur n’obtempère pas aux injonctions visuelles ou sonores lors d’un contrôle, indique une circulaire envoyée au commissariat de Sarcelles, dont les consignes ont été transmises à tous les commissariats, rapporte Franceinfo. Seuls les auteurs de crime de sang flagrant peuvent être ainsi poursuivis.

Cette nouvelle règle vise à empêcher les émeutes et les accidents mortels, explique la chaîne d’information qui a consulté le document. Par le passé, les policiers de Paris et de sa petite couronne n’avaient pas le droit de prendre en charge les véhicules de contrevenants. En vigueur depuis 2015, cette interdiction a pris fin en 2020.

Ce qu’en pense la police

Un délinquant peut désormais prendre la fuite en toute tranquillité alors que les policiers n’auront qu’à rédiger son procès-verbal: «c’est une honte», a dénoncé Audrey Vagner, la secrétaire départemental du syndicat Alliance Police Nationale, auprès du Parisien.

Pour Grégory Joron, secrétaire général de l’Unité SGT-Paris, cité par Franceinfo, cette disposition «demande aux fonctionnaires de baisser les bras officiellement». Selon lui, cela conduira à «un sentiment d’impunité».

L’avis des civils

Environ huit Français sur 10 souhaitent que les policiers fassent tout afin d’arrêter les auteurs de rodéos urbains, indique un sondage de l’institut Consumer Science & Analytics (CSA) réalisé pour CNews.

La partie restante se prononce pour l’interdiction des courses-poursuites car «cela peut entraîner des accidents graves pour les conducteurs de deux-roues concernés».

Discuter