Séances de motocross, signalements, saisies: des villes en lutte contre les rodéos sauvages

Après l’annonce par Gérald Darmanin d’un plan d’action contre les rodéos sauvages, la ville de Vaulx-en-Velin a proposé aux jeunes des séances de motocross pour qu’ils s’entraînent sur un circuit. Une plateforme digitale de signalement des rodéos a aussi été mise en place à Beauvais, alors que Le Mans aidera l’État à stocker les motos saisies.
Sputnik

Alors que le ministre de l’Intérieur a adopté une stratégie à trois axes visant à lutter contre les rodéos urbains, pratique illégale, la ville de Vaulx-en-Velin située dans la métropole de Lyon propose une alternative aux jeunes pilotes.

La mairie organise des séances de motocross destinées à une soixantaine de personnes. Baptisé «À Vaulx Cross», ce dispositif prévoit des entraînements sur les pistes de campagne, pendant deux heures, une fois par semaine.

L’absence de possibilités de s’entraîner ailleurs que dans les rues constitue une raison de la propagation des rodéos qui perturbent les habitants et menacent la sécurité des piétons et des conducteurs.

«Quel que soit le jeune passionné de moto, quand il regarde dehors, ce qu’il voit ce sont des jeunes en roue arrière sur le bitume, et il n’a aucune autre alternative en termes de pratique de moto», a fait savoir à France 3 Mehdi Bensafi, représentant de l'association Synergie Family, qui s’occupe avec la mairie du dispositif.

Si certains participants aux rodéos urbains sont des trafiquants de drogue, les autres sont des «adolescents désoeuvrés». En ce cas, «l’intervention de la police n’est pas une réponse adaptée même si l’on comprend très bien l’exaspération des riverains. L’idée est de retirer ces jeunes de sous leurs fenêtres», a expliqué Hélène Geoffroy, la maire de la commune, auprès de 20 Minutes.

Ainsi, les autorités espèrent «ramener un peu de tranquillité dans nos villes», conclut-elle.

Les jeunes pourront prochainement accéder au terrain à des horaires bien définis, les séances étant encadrées par des professionnels. Le représentant de l’association envisage également la création d’un club «avec des médiateurs à moto qui pourraient faire tampon entre les jeunes et les forces de l’ordre».

Le plan de Darmanin

Les rodéos constituent un délit depuis la loi du 3 août 2018. Les contrevenants risquent un an de prison et 15.000 euros d’amende. Les peines peuvent monter jusqu’à deux ans et 30.000 euros d’amende si les faits sont commis en réunion, et jusqu’à trois ans et 45.000 euros si l’individu concerné a également consommé de l’alcool ou de la drogue.

Face à ce problème, Gérald Darmanin a envoyé le 16 juin une note au directeur général de la police, Frédéric Veaux, qui s’appuie sur trois axes d’action.

Dans un premier temps, le ministre demande de mener une cinquantaine d’opérations dans les endroits les plus touchés par le phénomène, «en recherchant une occupation massive et stratégique des axes ou espaces empruntés». Il faut également identifier les lieux de stockage des deux-roues et les saisir.

Beauvais implique les riverains

Afin de renforcer les moyens d’action de la police, la Ville de Beauvais a mis en ligne en mai la plateforme StopRodéo permettant aux habitants de signaler de manière anonyme toute information utile portant sur les faits de cette nature. Le module fonctionne sur le même principe que StopDeal, mis en place en décembre dernier à Beauvais. Depuis, plus de 160 signalements ont été enregistrés.

Une mairie en renfort à la justice

Souhaitant saisir les engins motorisés, la police et la justice du Mans sont confrontés au problème de stockage nécessitant un budget à part. Pour y pallier, la mairie a adopté le 24 juin un protocole pour assurer la surveillance et la gestion des lieux de stockage à la place de la justice.

«Il y a quatre ou cinq villes en France qui expérimentent ce type de protocole», a déclaré Christian Lacoste, adjoint à la sécurité, à Ouest-France. «Nous avons une fourrière dont nous allons faire profiter le parquet».

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