Un centre nucléaire en Iran attaqué à l’aide d’un drone?

Une attaque de drone contre un bâtiment du centre nucléaire en Iran a causé des dommages importants, selon le Times. Téhéran insiste pourtant sur une tentative de «sabotage» déjouée. Cette annonce intervient sur fond de discussions à Vienne pour sauver l'accord international sur le nucléaire iranien.
Sputnik

Mercredi 23 juin, l'Iran a dit avoir empêché un «sabotage» de l'un des bâtiments de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) près de Téhéran. Selon la télévision d’État, cette tentative d'attaque n'a fait aucune victime ni aucun dommage et n'a pas pu perturber le programme nucléaire iranien, rapporte Associated Press.

Les médias iraniens n'ont précisé ni quelle installation a été visée, ni le type d'attaque, affirmant que l'opération visait un centre nucléaire situé dans la ville de Karaj, à 40 kilomètres au nord-ouest de Téhéran.

Selon le New York Post, qui se réfère à un haut responsable du renseignement et à un Iranien proche du dossier, il s’agit d’un centre appartenant à l’Iran Centrifuge Technology Company (TESA) qui produit des centrifuges. Il a été visé par un drone qui avait décollé de l'intérieur du pays, d'un endroit proche du site.

Selon le Times, l’attaque a causé des dommages importants.

Aucune structure politique n'a revendiqué l'attaque. Cette usine figurait pourtant sur une liste de cibles qu'Israël a présentée à l'administration Trump début 2020, d’après le New York Post. Le gouvernement israélien n'a pas commenté l’incident.

Selon l’analyse du Jerusalem Post, cette attaque pourrait gravement retarder le programme iranien d'enrichissement d'uranium.

Ce n’est pas la première fois que des sites nucléaires iraniens sont endommagés. Plus tôt cette semaine, la centrale nucléaire iranienne de Bouchehr a subi un arrêt temporaire la suite d'une «défaillance technique» de nature non précisée. En avril, l'installation nucléaire souterraine iranienne de Natanz a connu une mystérieuse panne d'électricité qui a endommagé certaines de ses centrifugeuses. En juillet 2020, des incendies inexpliqués ont frappé l'usine d'assemblage de centrifugeuses avancées de Natanz, que les autorités ont aussi qualifiés de sabotage.

Au total, l’Iran possède 18 installations nucléaires et neuf autres sites.

Négociations à Vienne

Si l’attaque n’a pas été officiellement confirmée, ces informations interviennent alors que les négociations se poursuivent à Vienne entre l'Iran et les puissances mondiales dans le but de renouveler l'accord sur le nucléaire. Mercredi 23 juin, l'Iran a déclaré que Washington avait accepté de lever toutes les sanctions sur le pétrole et le transport maritime iraniens et de retirer certains hauts responsables de sa liste noire. Le même jour,le ministre allemand des Affaires étrangères a jugé «possible» de conclure dans un «avenir prévisible» un accord sur ce sujet.

Le sixième cycle des pourparlers organisés à Vienne a été ajourné pour consultations dimanche dernier. Selon Reuters, la délégation américaine devrait retourner dans la capitale autrichienne pour un septième cycle de discussions d'ici peu, sans être en mesure de donner un calendrier précis.

Signé en 2015 par l'Iran et le P5+1 (les cinq membres du Conseil de sécurité de l'Onu: États-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne ainsi que l’Allemagne), l'accord nucléaire prévoyait des limitations sur le programme nucléaire iranien en contrepartie de la levée de sanctions internationales visant Téhéran.

En 2018, Donald Trump a décidé de se retirer de l'accord, et le pays a abandonné toutes les limitations sur l'enrichissement d'uranium. L’Iran enrichit maintenant de l'uranium à 60%, son niveau le plus élevé jamais atteint.

Discuter