Moscou adresse une mise en garde après l’incident qui a opposé mercredi la marine russe à la Royal Navy au large de la Crimée. Le destroyer britannique HMS Defender avait pénétré dans les eaux territoriales de la Russie, suite à quoi celle-ci a annoncé avoir tiré des coups de semonce puis lancer des bombes sur la trajectoire de son passage. Une version contestée pourtant par Londres.
Ce cas sans précédent intervient dans une période de tensions avec l’Otan qui risque de déboucher sur une escalade, affirme Moscou qui multiplie les déclarations.
«Nous avons observé hier la manifestation d’un incident apparemment prémédité qui pourrait avoir les conséquences les plus sérieuses, y compris du point de vue de l’escalade et qui pourrait avoir des conséquences imprévisibles», a déclaré ce jeudi le vice-ministre des Affaires étrangères, Alexandre Grouchko.
Intervenant lors d’une conférence à Moscou sur la sécurité internationale, il s’est à nouveau dit «préoccupé» par l’augmentation de la présence militaire de l’Alliance à proximité des frontières russes et les escales de ses navires dans les mers Noire, Baltique et Barents.
«Cette activité mène à ce que des régions militairement très calmes se transforment en théâtres de tensions qui ne profitent à personne. Ces démarches mettent en question la pertinence de l’Acte fondateur Otan-Russie», a-t-il poursuivi. «Nous partons du fait qu’il doit être respecté».
Les relations «au plus bas»
Cet acte fondateur entre les pays de l’Alliance et Moscou a été signé en 1997 pour affirmer que les deux parties ne se considèrent pas comme des adversaires et a établi des mécanismes de consultation et de coopération. Or, cette dernière semble battre de l’aile, la Russie estimant que les relations se trouvent «au plus bas» depuis les décennies.
«Toute la coopération militaire dans la sphère des intérêts communs a été arrêtée, les canaux de dialogue entre les militaires ont été coupés», note le vice-ministre.
Des préoccupations que Londres ne semble pas complètement partager. «Je peux me rappeler de temps où les choses allaient beaucoup plus mal», a commenté Boris Johnson interrogé pour savoir si l’incident avec le navire marquait un jalon dans les relations entre les deux pays.
Le Premier ministre britannique a jugé «approprié» le passage du HMS Defender dans les eaux revendiquées par la Russie, affirmant qu’il avait navigué dans des eaux appartenant à l'Ukraine.
Selon le ministère russe de la Défense, le navire britannique s'est aventuré jusqu'à trois kilomètres dans les eaux russes près du cap Fiolent, un point de repère sur la côte sud de la Crimée, près du port de Sébastopol, siège de la flotte russe en mer Noire.