Si pour Moscou l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan reste la «ligne rouge», comme l’a indiqué le porte-parole du Kremlin au lendemain de la rencontre de Vladimir Poutine et Joe Biden à Genève, Kiev continue toutefois de renforcer ses liens militaires avec des pays de l’Alliance.
Ainsi, le 21 juin, l’Ukraine et le Royaume-Uni ont signé un mémorandum sur «la réalisation des projets du partenariat maritime» qui prévoit «la conception et la construction de navires de guerre en Ukraine et en Grande-Bretagne, la reconstruction d’entreprises de construction navale ukrainiennes et la construction de deux bases pour la marine ukrainienne», selon un communiqué de la Défense ukrainienne.
La cérémonie de la signature a eu lieu à bord du HMS Defender de la marine britannique, en présence de militaires américains. Les marins des trois pays ont ensuite procédé à un entraînement pour une manœuvre d’abordage, après quoi la Défense ukrainienne a déclaré que cet exercice avait prouvé «une fois de plus que les forces spéciales de l’armée ukrainienne sont capables d’accomplir des tâches à égalité avec leurs collègues de l’Otan».
La Russie préoccupée
Le 18 juin, parlant de la possible construction d’une base militaire turque en Azerbaïdjan, Dmitri Peskov avait souligné que le déploiement d’infrastructures militaires de l’Alliance attirait «l’attention particulière» de la Russie et la poussait à «entreprendre des actions nécessaires pour assurer sa sécurité et ses intérêts».
En effet, le 23 juin, la Flotte russe de la mer Noire a été contrainte d’effectuer des tirs de sommation après que le même destroyer HMS Defender est entré dans les eaux territoriales russes près du cap Fiolent, en Crimée. Selon le ministère russe de la Défense, le destroyer avait été averti de l’utilisation de la force en cas de violation de la frontière russe, mais n’a pas réagi à l’avertissement. Finalement, après avoir passé près de 30 minutes dans les eaux territoriales russes, le bateau s’est retiré.
L’attaché militaire de l’ambassade britannique à Moscou a été convoqué au ministère russe de la Défense. De son côté, l’armée britannique a déclaré qu’aucun coup de semonce n’avait été tiré vers son navire.
De prochaines manœuvres en mer Noire
Initialement, le destroyer HMS Defender était entré dans les eaux de la mer Noire le 14 juin 2021 en prévision des manœuvres navales Sea Breeze que l’armée ukrainienne entame le 28 juin avec les États-Unis et d’autres pays de l’Otan.
Le chef d’état-major Rouslan Khomtchak a déclaré mercredi aux journalistes que ces exercices seraient «les plus importants depuis 1997» et que leur objectif était de former la marine ukrainienne à exécuter «les tâches assignées conformément aux normes et procédures de l’Otan».
D’après lui, 31 pays doivent participer à ces manœuvres qui impliqueront un total d’environ 30 navires, jusqu’à 30 avions et hélicoptères, près de 3.000 personnes et 50 unités d’armements et de matériel militaire.
Coopération turco-ukrainienne
Le 19 juin, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba et son homologue turc Mevlut Cavusoglu ont discuté de l’élargissement de la coopération entre les marines ukrainienne et turque. D’après la diplomatie ukrainienne, cela «aidera à mettre en œuvre les normes de l’Otan au sein de la marine ukrainienne, à augmenter ses capacités de défense et sa compatibilité avec les pays membres de l’Otan».
Sergueï Lavrov n’a pas tardé à réagir à ces pourparlers: «nous avons exposé très clairement et sans équivoque notre prise de position concernant les tentatives d’entraîner l’Ukraine dans l’Otan. Je ne doute pas que les États sérieux et responsables comprennent très bien de quoi il s’agit».
Dmytro Kuleba a également annoncé le 20 juin que son pays a acheté à la Turquie des drones de combat Bayraktar pour «contenir la Russie».