«Tribunal populaire» d’une star du football algérien qui s’est affichée avec un mannequin

Le capitaine de l’équipe d’Algérie de football, Riyadh Mahrez, a provoqué la colère de certains supporters algériens qui lui reprochent d’afficher publiquement sa relation avec sa petite amie lors de leurs vacances à Mykonos. Le couple a profité de ce séjour en mer Égée pour se fiancer.
Sputnik

Le champion de la Coupe d'Afrique des nations de football 2019, qui a projeté Manchester City en finale de la Ligue des Champions, passe ses vacances avec sa campagne, le mannequin britannique Taylor Ward, sur l’île grecque de Mykonos. Des vacances que le couple a décidé de partager avec ses amis qui ont fait le voyage avec eux en mer Égée. Mahrez et Taylor ont également diffusé des images de leur séjour sur les réseaux sociaux. Une vidéo montre notamment le couple en train de s’embrasser dans un restaurant, et de faire la fête avec Erling Braut Haaland, le joueur du Borussia Dortmund.

​Intrusion dans la vie privée

Mais en Algérie, la joie de vivre de Mahrez n’a pas plu à certains supporters. L’un dans d’entre eux a publié une vidéo dans laquelle il interpelle le joueur et Djamel Belmadi, le sélectionneur de l’équipe nationale d’Algérie. Montrant les drapeaux algérien et palestinien, il a indiqué que «Riyadh Mahrez représente l’Algérie, pays musulman pour lequel des martyrs sont morts, ainsi que la Palestine, une cause sacrée».

L’homme, a ensuite déclaré que «le comportement de Mahrez avec sa copine n’honore pas le peuple algérien arabe et musulman» et a appelé Djamel Belmadi, qui est lui «musulman et fils de bonne famille qui va à la mosquée», à réagir au plus vite.

Cette intrusion dans la vie privée de la star algérienne a créé une vive polémique. Certains ont soutenu qu’en sa qualité de représentant de l’équipe algérienne Mahrez doit éviter de se comporter en jet-setter et qu’il doit épouser Taylor Ward. Pour d’autres, les seules critiques qu’il peut subir concernent sa conduite sur le terrain et ses résultats sportifs.

«Mahrez est le meneur d’une équipe d’Algérie qui a battu le record africain d’invincibilité avec 27 matchs sans défaite. Il a marqué de magnifiques buts et a permis à notre pays de décrocher la Coupe d’Afrique des nations. Donc si certains sont gênés, c’est parce que lui a une vie et pas eux», explique à Sputnik Amine, fan invétéré de Mahrez.

Tunisie: un commentateur sportif provoque une polémique en demandant une bière en direct
Maamar Djabour, journaliste sportif et parfait connaisseur de l’équipe nationale algérienne de football, précise à Sputnik que Riyadh Mahrez est «en phase avec son époque». Selon lui, ce joueur a désormais le statut de star mondiale, réalité que ne semblent pas prendre en considération ses détracteurs.

«Mahrez n’est pas le footballeur d’il y a quatre ou cinq ans. Il suffit de voir les joueurs avec qui il partage ses moments. Il côtoie Erling Braut Haaland et Francesc Fàbregas. Mahrez utilise les réseaux sociaux et il en connaît la puissance. Malheureusement, et je dis bien malheureusement, une partie de la société algérienne se montre très conservatrice sur les réseaux sociaux. Certains agissent en donneurs de leçon. Heureusement ce ne sont pas tous les Algériens qui se comportent ainsi. J’ai pu lire des commentaires de personnes qui remerciaient Mahrez de partager ses moments avec eux», souligne Maamar Djabbour.

Tribunal populaire

Lundi 21 juin, Riyadh Mahrez a finalement demandé la main de Taylor Ward. La nouvelle qui a fait le tour de la planète foot devrait calmer ses détracteurs. Le couple a posté une série de photos dans lesquelles la future madame Mahrez pose avec une bague à l’annulaire gauche.

Maamar Djabour regrette cette tendance qu’a le public algérien à se transformer «en tribunal populaire». Le journaliste de la Chaîne 3 de la radio publique cite l’affaire des joueurs de l’équipe du Mouloudia d’Alger qui ont été jetés en pâture, quelques semaines plus tôt, après une soirée dans une boite de nuit à Oran. Sous la pression des supporters, la direction du club a décidé de suspendre cinq joueurs. «On devrait s’arrêter au football, c’est tout», insiste Maamar. Par ailleurs, on constate depuis quelques années une tendance à mêler le sport à la religion. Maamar Djabour considère que la spiritualité fait effectivement partie «de la vie de certains joueurs de l’équipe nationale».

«Rien n’empêche les joueurs de mettre en avant leurs pratiques de la religion. Chacun mène sa vie comme il l’entend. Mais la spiritualité n’est pas spécifique aux footballeurs algériens, il suffit de voir les Brésiliens qui font la fête, mais restent très religieux. Kakà par exemple fait toujours référence à Dieu lorsqu’il marque un but. La spiritualité fait partie du football international, quelle que soit la religion. Cela se manifeste chez certains footballeurs à la propension à faire des dons et partager ce qu’ils gagnent», note-t-il.
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