Sur fond d’abstention record, au premier tour des régionales le parti présidentiel La République en marche (LREM) a montré des résultats modestes. Éliminés dans les Hauts-de-France, en Occitanie, le parti et ses alliés ont recueilli à peine plus de 10% dans les autres régions et ne sont arrivés en tête nulle part.
Le lendemain du scrutin, Rachida Dati est revenue sur les points faibles de LREM.
«En Marche! c’est quoi? C’est des traîtres de gauche, des traîtres de droite. C’est la réalité. Ils viennent du PS, ils viennent des Républicains. En Marche! se réduit à Emmanuel Macron», a lancé l’ancienne ministre et actuelle maire LR du VIIe arrondissement de Paris, invitée de France Inter le 21 juin.
Elle a ainsi pointé que LREM fait preuve d’une «absence d’idéologie, de convictions».
Fuite des élus
Effectivement, dès le moment de sa fondation par Emmanuel Macron en 2016, La République en marche a bénéficié de véritables fuites d’élus de haut niveau venus d’autres partis.
En 2017, c’est Édouard Philippe, alors maire LR du Havre, qui avait été choisi comme Premier ministre et avait joint LREM. Jean Castex, actuel chef du gouvernement, après avoir quitté LR, a annoncé sa volonté de rejoindre LREM, mais n’est pas membre du parti.
«En matière de trahisons, on a donné déjà», avait alors résumé en 2020 Christian Jacob, président de LR, suite aux départs de Philippe et Castex de sa famille politique.
Le ministre actuel de l’Économie Bruno Le Maire, qui avait pourtant prétendu durant la campagne présidentielle de 2017 que le candidat Macron est un «homme sans projet, sans conviction», avait rejoint LREM juste après la victoire du Président actuel. Le Maire avait alors été qualifié de traître par plusieurs personnalités LR.
Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a adhéré à LREM en 2017 après avoir été exclu de LR. Avant de devenir ministre, il avait lui aussi vivement critiqué Macron, notamment dans une tribune parue dans le magazine L’Opinion en janvier 2017. Darmanin avait ainsi qualifié le projet politique de Macron de «populisme chic avec un beau sourire, de beaux costumes, une belle histoire» et sa personne même de «poison définitif» de la République.
Gabriel Attal, qui assure aujourd’hui la fonction de porte-parole du gouvernement, pendant 10 ans, de 2006 à 2016, s’était revendiqué militant PS, avant de joindre LREM en 2018.
Enfin, Emmanuel Macron, qui a fondé LREM en 2016 et a pris la présidence en 2017, a été membre du Parti socialiste de 2006 à 2009. De même, en 2012, il a participé à la campagne électorale de François Hollande. Porté par les ambitions présidentielles, il a quitté en 2016 le poste de ministre de l’Économie, ce qui a été vécu comme une trahison et une désertion par l’exécutif en place.
«Je comprends ce jour-là qu’il ne s’inscrit pas dans l’histoire de la gauche, pas davantage dans celle de la social-démocratie, ni même dans une recomposition […] progressiste. Il est à son compte. Il a créé une entreprise», avait alors écrit François Hollande à propos de sa conversation avec Emmanuel Macron dans son livre «Les leçons du pouvoir» publié en 2018.