Malgré les sanctions, la Russie devient le troisième partenaire commercial de l’UE

Alors que l’Union européenne s’apprête à «riposter, contraindre et dialoguer» face au Kremlin, comme l’a récemment affirmé Josep Borrell, les chiffres montrent que malgré la pandémie la Russie est désormais l’un des trois exportateurs principaux au sein du marché européen.
Sputnik

Si le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell constate que les relations de l’Union européenne avec le gouvernement russe sont à «leur plus bas niveau» et appelle ses membres à «faire preuve d'unité pour contraindre la Russie à discuter», les relations économiques entre Moscou et Bruxelles se sont améliorés ces derniers temps.

Ainsi, le 15 juin, Eurostat a fait état d’une croissance de 12,4% des importations de l’UE depuis la Russie pendant les quatre premiers mois de 2021. Leur volume s’est établi à 42,5 milliards d’euros. Le pays est désormais le troisième partenaire principal commercial des Vingt-Sept après la Chine (139,4) et les États-Unis (71,4). Il a pris la place du Royaume-Uni, d’où les importations ont baissé de 27,1% suite à la fin de la période de transition post-Brexit.

Quant au volume des exportations commerciales des pays de l'UE vers la Russie, il a également augmenté, mais seulement de 7,3%, soit de 25,9 à 27,8 milliards d'euros. Ici, elle occupe la 5e place après les États-Unis (125,4), le Royaume-Uni (87,9), la Chine (73,9) et la Suisse (51,6).

L’avis des experts

Interrogé par Sputnik, l’économiste russe Ivan Krokchniy, PDG de Gerchik & Co, rappelle le pronostique de Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, qui a déclaré le 14 juin à Politico EU que l'économie de la zone euro pourrait revenir au niveau d'avant Covid-19 au cours du premier trimestre 2022.

«Si ces pronostiques se réalisent, la production et la consommation en Europe augmenteront. Et par conséquent, la demande de biens russes et tout d'abord celle de l'énergie continuera de croître», a-t-il souligné.

Loudmila Shkvaria, professeure d’économie à l'Université russe de l'amitié des peuples (RUDN), estime qu’il ne faut pas oublier que les relations commerciales entre l’Union Européenne et la Russie sont grandement politisées et qu’à tout moment des difficultés peuvent surgir.

«En raison des sanctions antirusses, l'offre a été considérablement réduite. Nous constatons maintenant une certaine harmonisation des tendances après la chute des années précédentes. Cela ne signifie pas nécessairement que la croissance sera durable à long terme. Le marché européen est traditionnel pour la Russie et il ne faut pas s'attendre à une hausse spectaculaire. Pour ce faire, la structure des exportations ou, plus généralement, le système des relations économiques internationales devraient changer» a-t-elle précisé à Sputnik.

Nouvelle stratégie de l’UE face à Moscou

Présentant la semaine dernière son rapport sur une nouvelle approche des relations avec la Russie, demandé par les dirigeants de l'UE pour leur sommet des 24-25 juin, Josep Borrell a déclaré que l’Union doit s'unir pour être capable à la fois de «riposter, contraindre et dialoguer», selon ses propos cités par l’AFP.

Le diplomate a affirmé que les Européens avaient des leviers contre la Russie, comme les investissements ou encore le gaz et le pétrole importés. Il a d’ailleurs déploré le fait que l'UE ne parvienne toujours pas «à créer de l'unité», que chaque État ait «ses intérêts» et que certains membres aient «la tentation» de «faire cavalier seul».

Pour Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, cette nouvelle stratégie révèle que ses auteurs ont «des problèmes avec l’étude de l'Histoire, la perception de la réalité et la prévalence des phobies sur une vision créative du monde».

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