Pour sa première édition, le grand oral du baccalauréat a connu quelques déboires, à en croire les témoignages d’élèves et d’enseignants sur les réseaux sociaux. La nouvelle épreuve se compose d’un exposé, sur un thème étudié durant l’année, suivi de questions. Mais plusieurs établissements ont été confrontés à des problèmes de jurys.
Les binômes d’enseignants, qui devaient correspondre aux spécialités choisies par les élèves, ont parfois eu du mal à se former, rapporte ainsi le syndicat SNES-FSU dans un communiqué. Des enseignants ont été convoqués en dernière minute, d’autres sans motif, d’autres encore ont découvert sur place qu’ils allaient interroger leurs propres élèves. Des problèmes de salles sont aussi survenus, rapporte le syndicat, qui dénonce le décalage entre le discours du ministère et la réalité du terrain.
«Ces dysfonctionnements montrent qu’encore une fois rien n’avait vraiment été anticipé du point de vue de l’organisation de l’épreuve […]. On nous assurait encore ce week-end que la constitution des jurys avait été anticipée avec une solution informatique permettant de constituer des jurys conformes. Encore une fois, il y a un gouffre entre les déclarations ministérielles et la réalité», déclare ainsi le SNES-FSU dans son communiqué.
À ces dysfonctionnements sont venus s’ajouter des mouvements de grèves sporadiques, comme à Montpellier ou à Lyon, handicapant là encore les jurys
Des situations difficiles à vivre pour certains élèves qui ont dû parfois patienter plusieurs heures avant de pouvoir passer l’épreuve. L’organisation lycéenne FIDL a d’ailleurs mis en place une adresse mail pour venir en aide aux adolescents concernés et recenser les couacs, rapporte France Bleu.
Une épreuve controversée
Avant même sa tenue, le grand oral avait suscité le scepticisme de certains élèves et enseignants. L’épreuve a notamment été jugée «discriminante socialement» par l'Association des professeurs de sciences économiques et sociales (APSES), du fait qu’elle repose sur «la capacité à prendre la parole», une compétence qui différerait selon le milieu social.
Une critique que Jean-Michel Blanquer avait balayée sur France 2, mi-juin, saluant un «renforcement du baccalauréat», permettant à une nouvelle génération de capitaliser «sur ses points forts».
«Qu’il y ait des différences en fonction de vos origines sociales c’est évident, mais c’est justement le but de l’école que de les compenser. Soit on ne fait rien et cette différence continuera d’exister, soit on se prépare tout au long de sa scolarité et on compense ce que la vie ne vous a pas apporté», avait ajouté le ministre de l’Éducation sur France 2.
Durant le printemps, un bras de fer s’était déjà engagé entre le ministre et les syndicats de lycéens ou d’enseignants à propos du baccalauréat. Considérant que la pandémie avait perturbé l’année scolaire, ces derniers avaient demandé le remplacement du grand oral et des épreuves restantes par un contrôle continu. Le grand oral a finalement été la seule épreuve maintenue en fin d’année, avec la philosophie.