L’installation d’une fête sauvage à Redon, en Ille-et-Vilaine, dans la nuit de vendredi à samedi, a donné lieu à de violents affrontements entre les fêtards et la gendarmerie au cours desquels un homme a perdu une main. Deux participants, encore présents sur place cet après-midi, déplorent auprès de Sputnik l’usage «disproportionné» de la force par la gendarmerie. Les forces de l’ordre rappellent pour leur part que les participants n'étaient pas tout à fait pacifiques, mais armés de cocktails Molotov et de boules de pétanque.
«On aurait dit une guerre civile, on a failli mourir tous […] (Vu) la force qu’ils ont utilisée, cela ne pouvait que mal finir», estime l’un des fêtards interrogé par Sputnik.
Malgré un arrêté du préfet interdisant tout rassemblement festif à caractère musical, 1.500 personnes avaient convergé vers Redon, a expliqué le préfet, et la gendarmerie est intervenue pour empêcher le rassemblement.
Cinq gendarmes ont été blessés, dont deux ont été évacués à l'hôpital de Redon, deux participants ont également été touchés. Selon le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc, dans le cadre d'une enquête sur les affrontements en question, cinq hommes ont été placés en garde à vue.
«Je pensais réellement qu’au petit matin on verrait qu'il y a des morts, je n’aurais pas été étonné. Pour le moment il y a juste des blessés graves», déclare un autre fêtard pour qui il s’agit d’«un concert pacifique face à des personnes armées». «C’est de la barbarie!», renchérit-il.
«La préfecture gère mal les ordres»
Pour ces fêtards, la situation a dégénéré, car les gendarmes eux-mêmes ont «perdu le contrôle» à un moment donné.
«Ils espéraient bloquer, ils ne s’attendaient pas à ce que ce soit comme ça et qu’à un moment eux-mêmes ils ont perdu le contrôle», estime un fêtard.
«La préfecture gère mal les ordres […]. Et c’est à cause du préfet qui donne les ordres» que la réaction de la gendarmerie a été telle qu’elle a été hier soir, explique un autre.
Finalement, la fête a été installée, mais il y a eu «quelqu’un qui a perdu sa main pour cela».
«Donnez-nous un espace où on puisse faire la fête, donnez-nous un espace où on puisse s’exprimer, autre que dans les urnes. Parce que nous, on vote, ça fait 20 ans et ça ne change rien. Alors laissez-nous un peu de liberté», déplore encore l’un des interviewés.
Cocktails Molotov et boules de pétanque
Intervenant ce samedi matin sur BFM TV, la porte-parole de la gendarmerie nationale Maddy Scheurer rappelle que les fêtards étaient armés de «cocktails Molotov» ainsi que de «boules de pétanque».
«Ça peut quand même paraître assez étrange de venir à un technival non-autorisé, armés de cocktails Molotov, de boules de pétanque, et de s’en servir en direction des forces de l’ordre. On peut quand même s'interroger assez légitimement sur les intentions de ceux qui rejoignent cet événement festif», a-t-elle déclaré sur la chaîne de télévision en continu.
D'après elle, le but final de l'opération de gendarmerie est l'évacuation «complète» de la zone.
Une tâche qui n'était pas encore accomplie ce samedi après-midi, une foule de fêtards étant présente sur place.
Une «free party» en hommage à Steve Maia Caniço
D'après les participants à la fête, cette «free party» où «tout le monde est accepté» est organisée en mémoire à Steve Maia Caniço, mort en 2019 en pleine intervention policière lors de la Fête de la musique à Nantes. Il s’agit donc de rendre hommage à Steve, «un symbole qui est mort pour la musique», précise l’un des fêtards.