Deux policiers municipaux accusés de racisme par leurs collègues en Seine-Saint-Denis

Deux policiers municipaux d’Aubervilliers sont visés par des accusations de racisme. Ces faits ont été signalés par des collègues et interviennent alors que la police se voit souvent reprochée d’être raciste.
Sputnik

Deux policiers municipaux d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) ont été accusés de propos racistes par leurs collègues qui en ont informé la maire (UDI) Karine Franclet et leurs représentants syndicaux, rapporte Le Parisien.

«Pas besoin de partir en vacances à l’étranger, il suffit de se promener dehors pour se croire au bled», aurait déclaré l’un d’entre eux devant une collègue originaire du Maghreb.

Une agent attribue au même policier des moqueries à l’égard «d’un collègue d’origine africaine à l’accent assez prononcé» et ses intentions de «s’occuper des bâtards de cité».

Les syndicats CGT et SUD d’Aubervilliers ont soutenu les trois fonctionnaires dans leur intention d’aborder leur hiérarchie. Karine Franclet a annoncé, de son côté, que les policiers concernés feraient l’objet d’un «rappel à l’ordre».

La maire devait recevoir mardi 15 juin, avec son directeur général des services, les deux policiers accusés pour «leur rappeler très fermement quelles sont nos valeurs et que le racisme n’a évidemment pas sa place».

«Ces propos ne sont pas tolérables, encore moins quand on mène une mission de service public», ajoute-t-elle auprès du Parisien, sans pour autant évoquer la tenue d’une enquête interne.

Le racisme au sein de la police

Le racisme n’est pas un problème nouveau au sein de la police, en particulier de la Police nationale, qui cherche à le combattre.

«La lutte contre le racisme et toute forme de discrimination figure parmi les valeurs et les missions de la Police nationale», note Michel Lavaud, porte-parole de la Police nationale, cité par La Croix.

Selon le journal, l’institution note l’importance de mener des cours de déontologie et d’inviter les membres de la Licra et de la Dilcrah pour former les futurs policiers.

Des mesures adoptées

Depuis 2018, une cellule d’écoute à la Police nationale appelée «Signal Discri» a été déployée pour permettre de faire part de comportements discriminatoires au sein de la Police nationale. Comme le montre le rapport annuel de l’IGPN (Inspection générale de la Police nationale), 218 signalements ont été enregistrés en 2019, dont 11% de cas de discrimination.

«Ce pourcentage ne reflète sûrement pas la réalité», note Christian Mouhanna, du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales, commentant les 254 signalements repérés en 2018.

De son côté, Didier Fassin, auteur du livre «La force de l’ordre. Une anthropologie de la police des quartiers», estime auprès de La Croix que le racisme et la xénophobie dans la police ne doivent pas être simplement abordés à titre individuel.

«Pour comprendre et corriger le problème, il ne fallait pas penser en termes de racisme individuel, mais de racisme institutionnel. Cette reconnaissance du racisme institutionnel a été le point de départ d’une réforme de la police», indique l’auteur, cité par le journal, se référant aux conclusions d’une commission indépendante formée en Grande-Bretagne en réaction à des faits de cette nature qui ont eu lieu à la fin des années 1990.
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