Trois mois après que le chef de l’État américain avait proposé une rencontre avec Vladimir Poutine, leur sommet aura finalement lieu ce 16 juin, à la Villa La Grange à Genève.
Un lieu plutôt historique, cette même ville ayant accueilli, en 1985, la rencontre du secrétaire général du Parti communiste de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev et du Président américain Ronald Reagan.
Il s’agit du premier sommet Poutine-Biden depuis l’investiture de ce dernier. Par le passé, les deux hommes politiques s’étaient rencontrés en 2011.
Un tête-à-tête prévu?
Interrogé quant à un éventuel tête-à-tête uniquement entre les deux chefs d’État, le porte-parole du Président russe, Dmitri Peskov, n’a pas écarté cette possibilité.
«Ils commenceront en présence du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et du secrétaire d’État [Antony Blinken]. Si [les chefs d’État] le jugent nécessaire, ils parleront en tête-à-tête».
M.Peskov a également précisé qu’aucun document ne sera signé à l’issue du sommet.
La durée des négociations
Alors que le début du sommet est prévu à 13h35 (heure locale), des négociations élargies suivront vers 14h55 (heure locale), précise le programme de Joe Biden qui est déjà arrivé à Genève dans le cadre de sa tournée européenne. Vladimir Poutine est attendu dans la ville suisse après midi.
Le même document indiquant qu’à 16h40 (heure locale), le Président américain «continuera la rencontre bilatérale élargie» avec M.Poutine.
La durée totale prévue de ce sommet est de cinq heures, selon un responsable américain.
Ensuite, chaque dirigeant tiendra une conférence de presse séparée. Joe Biden devra quitter Genève aussitôt après ces pourparlers.
Aucune avancée n’est attendue
La partie russe a à maintes reprises précisé qu’aucune avancée dans les relations bilatérales n’était attendue à cette occasion.
«Nous n’avons pas d’attentes surestimées, pas d’illusions que certaines «percées» sont à venir. Mais il y a un besoin objectif d’un échange de vues au plus haut niveau sur les menaces que la Russie et les États-Unis prennent en considération, en tant que les deux plus grandes puissances nucléaires sur la scène internationale», a déclaré le 9 juin le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
Tout en qualifiant Vladimir Poutine d’«intelligent» et d’«adversaire redoutable», Joe Biden a déclaré lors de sa conférence de presse à l’issue du sommet de l’Otan à Bruxelles:
«Je vais préciser au Président Poutine qu’il y a des domaines où nous pouvons coopérer s’il le souhaite», mais «s’il choisit de ne pas coopérer et agit comme il l’a fait dans le passé en matière de cybersécurité et d’autres activités, alors nous répondrons de manière symétrique».
Il avait également fait savoir que le sommet de Genève consisterait à établir des «lignes rouges», soit une stratégie prévisible mais risquée.
Les sujets à aborder
Le porte-parole de Vladimir Poutine a souligné l’importance de «faire le point» dans les relations bilatérales et de «relancer» plusieurs processus, dont le travail des missions diplomatiques russe et américaine, et de remédier à l’absence de dialogue quant à la lutte antiterroriste ou encore la cybersécurité.
Tout un éventail de thèmes sera abordé par les chefs d’État, soit l’assurance de la stabilité stratégique, la pandémie, la lutte contre la cybercriminalité, la coopération dans le domaine économique, le climat et l’Arctique. Les Présidents discuteront probablement d’un échange de prisonniers.
Comme l’a estimé le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, la Russie est prête à examiner toutes les options pour normaliser le fonctionnement des missions diplomatiques des deux pays, étape par étape. Et d’ajouter que Moscou préférerait une réduction à zéro mutuelle de toutes les mesures restrictives.
Les ambassadeurs des deux États ayant récemment été convoqués pour des consultations, il est possible qu’ils reprennent leur travail à l’issue du sommet.
L’ordre du jour international
Les enjeux internationaux seront également débattus: Syrie, Libye, Afghanistan, Haut-Karabakh, Ukraine et Biélorussie, après l’incident avec l'atterrissage d’un avion, a fait savoir le conseiller du Président russe Youri Ouchakov.
Fin avril, alors que le sommet n’avait pas encore été annoncé, le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan avait déclaré que «l’Ukraine serait en tête de liste à l’ordre du jour d’une telle réunion».
Selon l’emploi du temps du Département d’État, ce 16 juin, le même jour que le sommet Poutine-Biden, le secrétaire adjoint aux affaires européennes et eurasiennes Philip Reeker accueillera l’ambassadeur de l’Ukraine Oksana Makarova à Washington. La rencontre sera tenue à huis clos, le sujet des discussions n’a pas été évoqué.