Macron admet l’existence d’un «ensauvagement» et vise les réseaux sociaux

Dans le cadre du G7, Macron a employé le terme d’«ensauvagement», qui avait fait couler beaucoup d’encre à l’automne dernier. Le Président visait spécifiquement les réseaux sociaux.
Sputnik

Quelques jours après la note alarmiste de Gérald Darmanin aux préfets, qui dénonçait une flambée de «faits extrêmement violents», Emmanuel Macron s’est à son tour penché sur les questions de sécurité, lors d’une conférence de presse au G7.

Le Président a pour la première fois usé du terme d’«ensauvagement», qui avait suscité la controverse à l’automne dernier. Un mot que Gérald Darmanin avait alors fait sien, après une explosion de violences estivales, entre fusillades meurtrières à Grenoble et rixes géantes sur les îles de loisirs franciliennes. Le ministre de l’Intérieur avait alors condamné «l’ensauvagement de la société», s’attirant les foudres du garde des Sceaux.

Mais contrairement à Gérald Darmanin, c’est sur les réseaux sociaux que le Président de la République voit cet «ensauvagement» à l’œuvre. La violence des discours sur Internet entraîne, selon lui, l’explosion de la violence réelle. Et ce dans tous les pays du G7.

«Dans nos pays, on voit une montée des violences. On a tous des raisons qui sont propres à nos pays, mais elles ont deux racines profondes: les inégalités sécrétées par le fonctionnement de l'économie internationale, et l'ensauvagement des discours sur les réseaux sociaux», a ainsi déclaré Emmanuel Macron en conférence de presse.

Sur la question des inégalités, le chef de l’État a par ailleurs précisé que le G7 maintenait ses engagements pour une «imposition minimale des multinationales à hauteur de 15%». Les géants du numérique sont particulièrement ciblés.

Violence sur les réseaux sociaux

Ce n’est pas la première fois qu’Emmanuel Macron lie ainsi montée des violences et réseaux sociaux. Début juin, le chef de l’État avait déjà déclaré sur BFM TV que ces violences n’étaient «pas séparables des changements un peu anthropologiques que nous vivons», ciblant clairement les nouvelles technologies.

La thèse d’une libération de la parole, encouragée par l’anonymat qui prévaut sur les réseaux sociaux, a parfois été avancée. En janvier dernier, 17 parlementaires avaient ainsi invité à se pencher sur une potentielle levée de cet anonymat, à travers un amendement au projet de loi confortant le respect des principes de la République.

Une solution qui rencontre de nombreux détracteurs, y compris au sein du gouvernement. Mi-octobre, le secrétaire d’État au numérique Cédric O avait ainsi dénoncé «un mauvais combat», dans un billet sur le site Médium, rappelant que les internautes n’étaient pas «anonymes mais simplement sous pseudonymes» sur les réseaux sociaux et que la police avait les moyens de les retrouver.

Un travail de la police récemment mis en exergue par l’affaire Mila. Certains cyberharceleurs ayant menacé la jeune femme après ses propos sur l’islam ont en effet pu être identifiés. Treize d’entre eux comparaîtront devant la justice, fin juin. La jeune iséroise avait reçu plus de 100.000 messages haineux après la publication de sa vidéo polémique sur Instagram, en 2020.

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