Des chercheurs de l’université de Stanford ont étudié le profil de plus d’une centaine de personnes à l’origine des fusillades de masse aux États-Unis entre 1982 et 2012. Leur étude souligne que la majorité d’entre elles souffraient de troubles mentaux qui n’avaient été ni traités ni même diagnostiqués. Selon eux, une meilleure prise en charge pourrait réduire le risque de violences.
«Une proportion importante de tireurs de masse a connu des troubles psychiatriques non médicamentés et non traités», indique la conclusion de l’étude, publiée le 7 juin dans Journal of Clinical Psychopharmacology.
Une découverte «frappante» pour les chercheurs, qui assurent que ces personnes, une fois correctement diagnostiquées et traitées, ne sont pas plus violentes que le reste de la population.
Sur les 35 assaillants qui ont survécu à ces tueries, 18 s’avéraient être atteints de schizophrénie, et 10 autres souffraient de troubles bipolaires, délirants ou de la personnalité. «Aucun n’était sous traitement ou n’avait reçu le moindre traitement avant le crime», précise l’étude. Les chercheurs déplorent que cette problématique reste «largement sous-étudiée», suggérant qu’un traitement approprié contribuerait à une réduction de la violence.
Prolifération des armes à feu
Aux États-Unis, une fusillade est considérée comme «massive» au-delà de quatre victimes, en excluant les violences liées aux gangs ou aux vols à main armée. À chaque tuerie de ce type, un peu plus de cinq par an en moyenne entre 2010 et 2020, c’est en particulier l’accès aux armes à feu qui est mis en cause. Le pays compte bien plus de décès par balles que n’importe quel autre dans le monde. Plus d’armes que de citoyens américains y circulent, tandis que «seulement» un tiers affirme en posséder une.
Le 26 mai, à la suite de la fusillade dans une entreprise de transport à San José (Californie) qui avait fait neuf morts, Joe Biden a appelé le Congrès à «agir immédiatement» pour mettre un terme à ce qu’il a appelé «une épidémie de violence par armes à feu». En avril, son administration avait déjà annoncé un plan visant à limiter leur prolifération, ce qui avait engendré une critique du gouverneur du Texas, Greg Abbott.
Cet État, déjà l’un des plus permissifs en termes de vente et de port d’armes, envisage d’ailleurs d’annuler la plupart de ses restrictions sur les armes de poing. Ce samedi 12 juin, il a été le théâtre d’une nouvelle fusillade, à Austin, faisant au moins 13 blessés.
La problématique en France
Tandis que l’achat et la détention d’armes à feu est strictement réglementé en France, la question des personnes présentant des troubles psychiatriques se pose, au vu des attaques des derniers mois. Par exemple, l’individu qui avait poignardé une policière près de Nantes le 28 mai avait été diagnostiqué comme «schizophrène sévère». Trois jours plus tôt, un autre agresseur avait été conduit aux urgences psychiatriques après avoir attaqué plusieurs fonctionnaires dans un commissariat du Val-de-Marne.
Plus récemment, le 4 juin, un quinquagénaire s’est jeté sur un policier à Tarbes (Hautes-Pyrénées) alors qu’il venait d’être hospitalisé d’office en raison de son état de santé mentale. En décembre 2019, le renseignement territorial a fait part d’une proportion de «20 à 25%» de cas psychiatriques concernant les individus surveillés, «pour lesquels le suivi est extrêmement compliqué».