Alors que les taux d’emprunt auprès des banques pour un crédit immobilier continuent de battre des records à la baisse, le gouvernement s’apprête-t-il à sonner la fin de la récréation? La réponse est oui à en croire Les Échos. Selon le quotidien économique, le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) se réunira le 15 juin autour de Bruno Le Maire.
Resserrer les conditions d’accès au crédit: une mesure impopulaire
Les négociations s’annoncent musclées. Alors que, en pleine crise du Covid-19, les banques avaient plaidé pour ne pas entraver la reprise d’un secteur présenté comme «sinistré», l’argumentaire semble aujourd’hui s’orienter vers une corde plus sensible: les élections.
Restreindre l’accès au crédit et donc à la propriété pour les ménages reviendrait à se tirer une balle dans le pied avant les échéances électorales de 2022. En même temps, ne pas resserrer les boulons et «risquer d'accroître le surendettement des ménages» pourrait affaiblir la crédibilité des autorités, selon le site d’Orange, nouveau venu sur le secteur des services financiers, qui résume ainsi le «dilemme» auquel l’exécutif fait face.
En effet, des taux toujours plus bas ont suscité une flambée des prix de l’immobilier. Cette inflation dantesque n’a-t-elle pas mis de nombreux biens hors de portée de personnes qui auraient encore pu se les offrir il y a quelques années?
Du côté du gouvernement, l’argument de la lutte contre le surendettement des Français peut également surprendre à certains égards. Si cette intention est en partie justifiable, dans la mesure où les encours des crédits liés à l’habitat flambe en France (+5,3% en un an, pour près de 1.156 milliards d’euros en 2020) avec des ménages contraints de s’endetter toujours plus longtemps afin d’acquérir leur logement, la réalité entourant le «surendettement» semble toute autre.
Surendettement: les crédits à la conso à l’origine de cinq fois plus de dossiers…
Bien que les crédits liés à l’habitat représentent 84% des encours totaux des crédits aux particuliers en France, selon les chiffres de la Banque de France (BNF), ils ne sont pas le principal risque à moyen terme sur les finances des ménages.
En effet, ces crédits ne pèsent que pour un gros tiers (34,4%) de l’endettement global des 109.000 dossiers de surendettement traités par la BNF en 2020.
74,5 % des dossiers traités par la BNF ont comme point commun les crédits à la consommation. Alors qu’ils ne représentent que 189 milliards d’encours (huit fois moins que les crédits liés à l’habitat), les crédits à la consommation pèsent plus que ces derniers (37,1%) dans l’endettement global des dossiers traités par la BNF.
Qui sont ces Français surendettés ? Selon la typologie de la BNF, les propriétaires de leur logement font office d’exceptions en matière de surendettement. À peine plus de 3% des dossiers déposés auprès de la Banque centrale. En 2020, le gros bataillon des surendettés regroupe les célibataires, entre 35 et 54 ans et en très large majorité (plus de 74%) des locataires, touchant le SMIC ou moins pour près des deux tiers d’entre eux.
Alors que le gouvernement risque d’étrangler l’accès au crédit immobilier, les organismes de crédits à la consommation s’épanouissent. Ils continuent de promettre des prêts personnels toujours «plus simples, rapides et personnalisés». Sur Internet, quelques clics suffisent pour contracter un emprunt. Avec toujours moins de justificatifs à fournir. Et donc davantage de problèmes à venir!