Retraites: le projet de réforme remis sur la table?

À moins d’un an de la présidentielle, le chef de l’État aborde de nouveau le projet de la réforme des retraites, tout en soulignant que ce n’est pas son «objectif de cette semaine».
Sputnik

Alors que l’édification d’un système universel de pensions avait été suspendue en mars 2020 sur fond de la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19, le Président de la République semble avoir relancé la polémique il y a quelques jours. Qui plus est, il a affirmé ce 8 juin à BFM TV qu’«à l’horizon des années à venir, le sujet des retraites exist[ait] pour notre pays».

«Est-ce que c’est mon objectif de cette semaine? Non […] Les débats viendront en temps voulu», a-t-il promis.

Ce n’est pas «la priorité du moment», a-t-il ajouté.

La réforme

C’est lors d’un déplacement dans le Lot, les 2 et 3 juin, qu’Emmanuel Macron a remis sur la table la question des retraites. Et s’il a indiqué que la réforme ne pourrait pas «être reprise en l’état» et qu’il était «trop tôt» pour envisager de nouvelles mesures, il a estimé que «rien n’é[tait] exclu». Il a d’ailleurs prévenu qu’il devrait «prendre des décisions, certaines difficiles» au point qu’elles pourraient ne pas rendre «possible» sa candidature pour la présidentielle de 2022.

Ainsi, selon des informations du Monde, il serait possible que l’âge légal de départ à la retraite, établi actuellement à 62 ans dans le régime général, soit relevé. Une option qui pourrait se révéler explosive à dix mois de l’élection.

Pourtant, en 2017, lors de sa campagne présidentielle, le candidat Emmanuel Macron avait rejeté cette éventualité durant le quinquennat.

L’année dernière, 338 milliards d’euros ont été consacrés au paiement des pensions, soit environ 14,7% du PIB, c’est-à-dire le premier poste de dépense publique, indique Le Monde qui a consulté le rapport annuel du Conseil d'orientation des retraites. Et même s’il existe d’autres options pour combler les besoins de financement, comme la hausse des cotisations ou les prestations, il semble que ce soit le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite qui est privilégié. En effet, un âge d’ouverture des droits porté à 64 ans, soit deux ans de plus qu’actuellement, «pourrait rapporter à terme jusqu’à une vingtaine de milliards d’euros d’économies par an», selon une source proche du dossier citée par Le Monde. Un autre expert évoque de son côté le chiffre de «15 milliards d’euros».

L’Express, qui se réfère à ce même rapport dont la publication est attendue jeudi, informe que le déficit du système a atteint 18 milliards d'euros en 2020, soit 0,8% du PIB.

En outre, relever la barre de l’âge serait une mesure facile à exécuter. En effet, si elle est décidée en juillet, cela permettrait «de préparer une disposition» dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022 qui doit être présenté à la rentrée, explique la source du Monde.

«La priorité, ce sont les retraites»

Le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a lui aussi parlé du sujet dans une interview accordée le 5 juin en exclusivité au Journal du Dimanche. Il a notamment évoqué l'obligation d’assurer la croissance et de maîtriser les finances publiques.

«Puis poursuivre les réformes structurelles: la priorité, ce sont les retraites», a-t-il statué.

Même son de cloche du côté de son collègue chargé de la Santé, Olivier Véran.

«Il y a une nécessité absolue de réformer ce système de retraites», a-t-il affirmé sur BFM TV le 6 juin.

Jean Castex avait d’ailleurs déclaré dès juillet 2020 que la refonte du régime de retraites serait «maintenue».

«Nous lui appliquerons une nouvelle méthode […] pour en améliorer le contenu et la lisibilité par nos concitoyens. C’est une affaire extrêmement importante», avait-il averti.

«Morte et enterrée»

Les opposants à la réforme ont également réagi.

«La CGT reste extrêmement vigilante et ne souhaite pas qu'on remette sur la table des ajustements que paieraient les actifs ou les retraités», a noté le 3 juin sur France info Catherine Perret, secrétaire confédérale de la CGT chargée des Retraites et de la protection sociale.

Elle estime par ailleurs que «la réforme des retraites à points est morte et enterrée» et affirme qu’elle était «injuste pour tout le monde, pour tous les Français».

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