Cameroun: «collecter le plastique avant qu’il ne pollue nos océans»

La dissémination des déchets plastiques touche de plus en plus les cours d’eau du Cameroun. Une association a entrepris de collecter et recycler le matériau avant qu’il n’engorge le Wouri à Douala, déjà classé parmi les trois fleuves les plus pollués d’Afrique. L’initiative vise aussi à sensibiliser les populations sur les dangers potentiels.
Sputnik

À la surface d’un cours d’eau au lieu-dit Combi, un quartier à la périphérie de Douala, la capitale économique du pays, des milliers de bouteilles plastiques forment des îlots. Vu de loin comme de près, difficile d’apercevoir l’onde, car ici, les immondices ont presque tout recouvert. Ce matin du 4 juin, de nombreux bénévoles, sous la houlette de l'ONG belge River Cleanup -spécialisée dans la collecte des déchets flottants-, en partenariat avec des associations écologiques locales et la municipalité, ont déferlé sur le site. Ces soldats de la protection de l’environnement ont pour objectif de purifier ce cours d’eau de tous ces amoncellements polluants.

L'initiative a été lancée à l’aube de la Journée mondiale de l’Environnement, célébrée le 5 juin, pour sensibiliser les populations à l'état des eaux et la nécessité de «collecter le plastique avant qu'il ne pollue nos océans».

Un message bien accueilli par la localité représentée ce jour-là par le maire, Valentin Epoupa, qui a organisé le déploiement de nombreux volontaires.

«Nous sommes arrivés à une situation où il faut tirer la sonnette d’alarme. Ces déchets non biodégradables sont un danger pour l’environnement. Vous pouvez voir qu’ici précisément, l’eau n’arrive même pas à circuler parce que les plastiques ont tout bloqué. Les populations doivent en prendre conscience», insiste le maire au micro de Sputnik.

Certains riverains, comme Mathurin Essian qui prend part spontanément à l’initiative ce matin-là, sont déjà conscients des enjeux et déplorent l’incivisme de leurs voisins.

«Ce qui est choquant ici, c’est de voir les gens déverser les ordures dans ce drain. Nous essayons à notre niveau de sensibiliser sur les dangers. Un projet comme celui-ci, on espère qu'il va permettre à certains de changer de mentalité», vitupère-t-il au micro de Sputnik.
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Le Wouri, l'un des fleuves les plus pollués d'Afrique

Chaque année dans le monde, pas moins de 8 milliards de kilogrammes de plastique sont déversés dans les océans et 80 % de cette masse provient des cours d'eau. Trois millions de kilogrammes de ces déchets sont charriés par le fleuve Wouri à Douala, l'un des fleuves les plus pollués d'Afrique après le Nil et le Niger.

River Cleanup, souligne son fondateur Thomas de Groote, «a pour objectif, à travers cette manifestation, de montrer à toute la population du Cameroun que la tendance en matière de pollution plastique peut encore être inversée, si les citoyens, les entreprises et le gouvernement travaillent ensemble».

«Nous sommes intimement convaincus que l’éducation des citoyens, la transformation des entreprises et le nettoyage actif de nos rivières et de nos fleuves sont les solutions les plus efficaces pour empêcher la pollution plastique d’envahir notre environnement», confie-t-il à Sputnik.

D’ailleurs, le dimanche 6 juin, l’ONG a procédé symboliquement à Douala à la collecte de son millionième kilogramme de déchets plastiques dans le monde, depuis son entrée en activité en 2017.

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Collecter… mais aussi recycler

Durant ces trois jours de collecte, l’association belge n’a pas cessé de marteler la nécessité pour «tous les citoyens, communautés et organisations pour rejoindre la lutte contre la pollution plastique» afin de préserver les écosystèmes et la biodiversité.

«Les gros débris de plastique peuvent emprisonner et immobiliser les animaux alors que les petits morceaux se retrouvent malencontreusement dans l’estomac des animaux aquatiques comme les dauphins, les tortues et les poissons, générant douleurs, souffrances et même la mort», avertit Thomas de Groote.
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Dans sa démarche, River Cleanup s’est entourée d’entreprises de recyclage locales, à l’instar de Namé-recycling, et de sociétés brassicoles productrices de certains des objets plastiques. L’objectif étant de mettre sur pied, une économie circulaire autour de la gestion des déchets en question. Ainsi, les sociétés de recyclage s’engagent à intensifier les opérations de collecte et de traitement du matériau, lequel sera ensuite revendu aux industriels. D’ailleurs, pour inciter les citoyens à participer, des réceptacles ont été installés dans les quartiers de la ville, la tonne pouvant être vendue aux recycleurs pour 70.000 FCFA (environ 130 dollars). Chaque année, le Cameroun produit en moyenne 600.000 tonnes de déchets plastiques, dont seuls 20% sont recyclés.

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