Ministre déléguée à la Citoyenneté mais aussi candidate aux élections régionales en Île-de-France, Marlène Schiappa a fait de la laïcité son cheval de bataille. Dans un entretien au Point publié dimanche 6 juin, elle cible en particulier La France insoumise (LFI) et Europe Écologie-Les Verts (EELV) à qui elle reproche «une confusion totale» sur le sujet.
«La France insoumise s'est révélée assez complaisante à l'égard de certains islamistes et les élus EELV prennent régulièrement des décisions catastrophiques une fois au pouvoir», déclare-t-elle, citant l’exemple de la mosquée «d’un mouvement proche d’Erdogan» financée par la mairie écologiste de Strasbourg.
Elle estime ainsi que ces listes «avancent masquées» et pourraient financer davantage de projets associés à l’islam politique. «Je crois que ces gens ont davantage démontré leur complaisance que leur engagement républicain sur ces questions», insiste-t-elle, plaidant que seule la liste de La République en marche (LREM) de Laurent Saint-Martin, pour laquelle elle est candidate, ne présente pas d’ambiguïté sur ces questions.
Candidate voilée
Le parti présidentiel s’était pourtant retrouvé divisé un mois plus tôt lorsque des marcheurs à Montpellier avaient présenté une candidate voilée, ce qui avait engendré la réaction de Stanislas Guérini, menaçant de retirer le soutien du parti. Une position que n’avait pas partagée la députée LREM du Maine-et-Loire Stella Dupont, ou encore celle du Val-d’Oise Naïma Moutchou.
Puisque la loi n’interdit pas à une personne de se présenter en politique avec un signe religieux ostensible, LREM a alors fait «un choix politique», avait justifié sur France Inter le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. Interpellée par Le Point à ce sujet, Marlène Schiappa défend que «nous avons été très clairs et avons réagi très rapidement».
Instrumentalisation
Cette fois de l’autre côté du spectre politique, Marlène Schiappa appelle aussi à ce que la laïcité «cesse d’être le jouet de l’extrême droite identitaire», dénonçant une «laïcité à géométrie variable» de cette dernière lorsqu’il s’agit de faire un parallèle entre terrorisme et immigration.
La sénatrice EELV de Paris Esther Benbassa, réagissant aux propos de Mme Schiappa, lui a elle-même fait ce reproche. «Pour nous la laïcité est un pilier de la République, et nous le respectons. Et non une idéologie à instrumentaliser», écrit-elle sur Twitter.
C’est d’ailleurs sur la laïcité, en plus de la sécurité, de la police ou encore de la justice, que Marlène Schiappa débattra ce dimanche face à Jordan Bardella, la tête de liste du Rassemblement National en Île-de-France. Une rencontre à laquelle se sont opposés les autres candidats, pour qui il s’agit d’une violation de l’équité et de l’égalité du temps de parole des représentants politiques.
Sujet clivant
Puisque le sujet revient régulièrement sur le devant de la scène médiatique, la ministre avait annoncé en avril dernier des «États généraux de la laïcité». Outre des conférences et groupes de travail, ils comportent une vaste consultation de 50.000 jeunes invités à exprimer leur point de vue. «C'est un sujet de passion. L'idée est de dire: parlons-en ensemble et écoutons-nous», avait-elle résumé.
À noter que Matignon a annoncé samedi 5 juin la création du «comité interministériel de la laïcité», lequel remplace l’Observatoire de la laïcité créé en 2013. Ce dernier avait été accusé de complaisance envers l’islamisme depuis l’assassinat de Samuel Paty, et l’instance qui le remplace est placée sous la présidence du Premier ministre.