Libération poursuit son offensive contre Julien Odoul, tête de liste du Rassemblement national (RN) en Bourgogne-Franche-Comté aux prochaines régionales. D’après une lettre consultée par le quotidien, plusieurs conseillers régionaux du RN ont signalé leur président de groupe auprès du procureur de la république de Dijon. Ils le soupçonnent d’avoir employé pendant plusieurs mois une assistante fictive.
Ces sources au sein du parti affirment n’avoir croisé que trois fois l’employée en question au cours des cinq mois de son contrat, entre le 8 septembre 2020 et le 1er février 2021. D’abord le jour de la signature de son contrat, puis lors d’une commission permanente, et enfin pendant une formation «où elle ne devait même pas être là».
Julien Odoul avait alors expliqué que cette nouvelle collaboratrice rejoignait l’équipe pour «apporter ses compétences», «notamment en écriture pour nos derniers mois de mandat». Une «source proche du dossier à la région» affirme même qu’elle avait été en fait recrutée deux mois plus tôt, le 7 juillet 2020, et précise que son salaire «pourrait avoisiner les 2.700 euros nets».
L’assistante nie
Contactée par Libération, l’assistante en question, 25 ans et ancienne Miss Elégance Bourgogne, nie toute fonction fictive. Elle affirme avoir été bien présente dans les bureaux et avoir sa clé USB remplie de dossiers, en plus des fiches de paies.
Elle indique par ailleurs avoir parcouru «tous les jours les 300 kilomètres aller-retour» entre sa résidence et le bureau régional du RN à Dijon. Après son passage au RN, elle serait devenue pigiste à Valeurs actuelles.
Réaction de M.Odoul
Ce dimanche 6 juin, jour de la publication de l’article de Libération, Julien Odoul a annoncé qu’il allait porter plainte pour «diffamation» et «dénonciation calomnieuse». «Pendant la période de confinement, les agents de la région étaient en télétravail», justifie-t-il, sans préciser s’il parle des conseillers régionaux qui l’accusent ou de l’assistante qui a pourtant affirmé avoir travaillé sur place.
L’élu du RN évoque également un «harcèlement» de la part du journaliste Tristan Berteloot, lequel signe son quatrième article en une semaine à charge de sa personne. En effet, mercredi 2 juin, un premier papier dénonçait l’adresse fictive de M.Odoul à Sens, où il est conseiller municipal, qui est en fait un local du RN.
Deux jours plus tard, il a attribué à Julien Odoul une moquerie sur les suicides d’agriculteurs lors d’une réunion de décembre 2019. «Est-ce que la corde est française?», aurait-il plaisanté. Dans la foulée, le journal a dévoilé l’enregistrement, d’une trentaine de secondes. D’après Jacques Ricciardetti, conseiller régional RN également visé par Libération, l’extrait ne permet pas de déterminer le nombre d’intervenants et de savoir à qui appartient quelle voix.
Habitué des polémiques
Julien Odoul s’est particulièrement fait connaître en octobre 2019 après avoir demandé à une maman d’élève musulmane de retirer son voile au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Il avait alors suscité de vives réactions au niveau national, Marine Le Pen ayant même jugé son intervention maladroite.
En juin 2020, il avait déclaré qu’Adama Traoré, décédé après son interpellation en 2016, n’avait «pas été tué parce qu’il était noir», mais «parce que c’est une racaille», ce qui lui avait à nouveau valu une critique de sa présidente de parti. Enfin, sa remarque sexiste envers une élue Les Républicains sur le plateau de LCI en avril dernier l’a à nouveau mis sur le devant de la scène médiatique.
D’après un récent sondage Opinion Way pour La République en marche (LREM), Julien Odoul arriverait en tête du premier tour des régionales avec 30% des voix. Au second tour, il l’emporterait au cas où quatre listes se qualifient, mais perdrait face à une union de la gauche (Parti socialiste, Europe Écologie-Les Verts, La France insoumise, Parti communiste français) en cas de triangulaire avec Les Républicains et sans LREM.