Julien Odoul, tête de liste du Rassemblement national en Bourgogne-Franche-Comté aux prochaines régionales du 20 juin, s’est attiré des critiques suite à la publication ce vendredi 4 juin par Libération du contenu d’un enregistrement fait en février 2018 lors d’une réunion, où l’élu a notamment ironisé sur le suicide d’un éleveur.
«Est-ce que la corde est française?», a notamment indiqué Julien Odoul en réagissant à la remarque du conseiller régional du RN Jacques Ricciardetti qui avait déclaré: «L’agriculteur qui se pend au faîtage de son hangar… a-t-il laissé une trace? S’est-il pissé dessus?». Cet échange de propos a provoqué l’hilarité générale parmi les personnes présentes, affirme Libération.
La réunion en question se serait déroulée après une visite d’Emmanuel Macron au Salon de l’agriculture 2018.
De nombreux députés ont réagi sur Twitter dont Jean-Marie Sermier, élu du Jura, qui a appelé Julien Odoul à présenter ses excuses aux agriculteurs:
«Chaque suicide d'agriculteur est un drame personnel, familial et révélateur d’une grande détresse», ajoute Christian Jacob, président de LR et agriculteur de formation.
Suicides chez des agriculteurs en France
Ces dernières années, le problème des suicides dans le monde agricole est devenu une réalité en France.
En 2015, la Mutualité sociale agricole (MSA) a dénombré 372 suicides d’exploitants agricoles, plus d’un par jour. En 2019, le succès du film «Au nom de la terre» sur le suicide chez les agriculteurs a créé une onde de choc en France.
Le gouvernement a commandé un rapport après le Salon de l'agriculture 2019 suite à l’annonce par l’Observatoire national du suicide d’une surmortalité statistique des agriculteurs comparés à la population générale.
En avril dernier, plusieurs centaines d’agriculteurs ont manifesté en Île-de-France contre la future réforme de la politique agricole commune (PAC) de 2023 qui pourrait leur être fatale financièrement. «Si cette loi PAC passe, il risque d’y avoir de plus en plus de suicides, je pense, parce que l’on n’y arrive pas [financièrement, ndlr] et psychologiquement», a notamment déclaré à Sputnik Alix Heurtaut, agricultrice et représentante du Syndicat des jeunes agriculteurs.
Réponse de Julien Odoul
Julien Odoul a réagi en évoquant «des boules puantes d’un système pris de panique» et rappelant qu’il avait été donné en tête des prochaines régionales par un sondage.
En effet, un récent sondage réalisé par l’institut OpinionWay pour LREM place la liste du RN conduite par Julien Odoul en tête des premier et second tours avec respectivement 30% et 32% d’intentions de vote, selon Le Bien public.
Appels adressés à Marine Le Pen
«Marine Le Pen peut-elle continuer à soutenir ce candidat aux régionales?», se demande Guilhem Carayon, président des Jeunes Républicains du Tarn.
Le maire de Chalon-sur-Saône, Gilles Platret (LR), a aussi invité Marine Le Pen à retirer son soutien à Julien Odoul, le qualifiant de «sinistre».
Selon le sondage d’Opinion Way, Gilles Platret serait le rival principal de Julien Odoul aux prochaines régionales en Bourgogne-Franche-Comté, puisqu’il arrive actuellement en deuxième position avec 20% d’intentions de vote pour le premier tour.
Propos controversés
En avril, M.Odoul avait déjà créé un tollé par sa remarque sexiste à l’égard de l’élue LR et vice-présidente de la région Île-de-France Florence Portelli lors d’un débat sur le plateau du Grand soir de LCI. Plusieurs personnalités politiques sont intervenues en faveur de Mme Portelli, dont Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, et la présidente du conseil régional d'Île-de-France Valérie Pécresse.
En juin 2020, M.Odoul avait déclaré qu’Adama Traoré, décédé lors d’une interpellation en 2016, «n’a pas été tué parce qu’il était noir», mais «parce que c’est une racaille». Marine Le Pen a qualifié ses propos de «belle sottise», rappelant que ce n’est pas parce qu’on est un délinquant qu’on mérite de mourir.
Julien Odoul a acquis une certaine notoriété en octobre 2019 lorsqu’il a demandé à une mère voilée, qui accompagnait une sortie scolaire au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, de retirer son voile en pleine séance. L’affaire a suscité des remous au sein de la société; Marine Le Pen a condamné cette intervention, la jugeant maladroite. M.Odoul n’a pas présenté ses excuses, affirmant que ses propos étaient «un trait d’humour populaire».