Remplacement de l’ENA et suppression de certains «grands corps»: la réforme de la haute fonction publique avance

Promise par Emmanuel Macron, la réforme de la haute fonction publique, qui a franchi une nouvelle étape le 2 juin avec la présentation d’une ordonnance en Conseil des ministres, prévoit la suppression de certains «grands corps» de l'État et de l’ENA qui sera remplacée dès 2022 par l’Institut national du service public (INSP).
Sputnik

Dans le cadre de la réforme de la haute fonction publique dont les principes ont été validés dans une ordonnance par le Conseil des ministres mercredi 2 juin, l’exécutif prévoit d’accroître les salaires des hauts cadres de l’État.

Selon la réforme promise par Emmanuel Macron, leur corps disparaîtra à partir de l’année prochaine. Les futurs hauts fonctionnaires seront tous issus d'un grand corps général d'administrateurs de l'État créé pour «répondre» à ses besoins et «décloisonner l'administration», a déclaré à l'issue du Conseil la ministre de la Transformation et de la Fonction publique, Amélie de Montchalin.

L’ordonnance généralise «l'évaluation des cadres supérieurs» et institue une formation initiale et continue dans le futur Institut national du service public (INSP) qui remplacera, à partir du 1er janvier 2022, l’École nationale d'administration (ENA), précise le ministère.

Les cadres du privé

L’enveloppe affectée à la réforme sera de six à huit millions d’euros, dans un premier temps, et la réforme touchera, peut-être même avant la fin de l’année, 1.620 administrateurs civils exerçant des fonctions supérieures d’encadrement, de direction, d’expertise ou de contrôle dans les administrations de l’État, selon des informations du Monde.

Toutefois, pour mettre en place une fonction publique de l’emploi et non de corps, le gouvernement «doit harmoniser les conditions de travail, les rémunérations des cadres», explique au journal Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS et politiste au Centre d’études de la vie politique française de Sciences Po (Cevipof).

«Sinon, tout le monde voudra aller sur les mêmes postes, les mieux payés, et y rester.»

Luc Rouban fait remarquer dans ce contexte que la réforme s’attaque à un symbole, celui de la «noblesse de robe» qui fait que «vous appartenez à un monde fermé de gens de qualité». Par conséquent, il est important de renforcer une autre partie de la reconnaissance sociale qui est le salaire afin d’engager notamment les cadres du privé.

Le salaire médian d’un cadre

Le nombre de cadres en France était en 2019 d’environ 5,2 millions, soit 19% de l’emploi total, selon une note de l’Insee datant de septembre dernier. Un chiffre qui a plus que doublé en l’espace de 40 ans, alors qu’il était de 8% en 1982 (1,8 million de personnes).

Le salaire annuel médian d’un cadre (salaire fixe et part variable) était en 2020 de 50.000 euros brut, selon une étude de l’Apec qui précise que 80% des cadres perçoivent un salaire compris entre 36.000 et 85.000 euros, la rémunération dépendant fortement de la fonction exercée.

Qui est riche et qui est pauvre?

Selon l’édition 2021 du rapport sur les inégalités en France, on est considéré comme riche à partir de 3.542 euros par mois, le double du niveau de vie médian. Une personne est considérée comme pauvre quand elle vit avec moins de 885 euros par mois, soit la moitié du niveau de vie médian. Le niveau de vie moyen des 10% les plus riches est de 5.090 euros mensuels.

Les 10% du haut de l’échelle des revenus touchent en moyenne 7,1 fois plus que les 10% du bas, après impôts et prestations sociales. À eux seuls, les 10% les plus fortunés possèdent 46,4% de l’ensemble du patrimoine des ménages.

Toujours selon le document, dont les auteurs précisent disposer de chiffres d’avant la crise sanitaire sur de nombreux sujets, l’écart entre le niveau de vie moyen des 10% les plus riches et celui des 10% les plus pauvres est resté inchangé en dix ans, de 2008 à 2018, mais le taux de pauvreté a augmenté de 7,7% en 2009 à 8,2% en 2019 (donnée provisoire), soit une hausse de près de 500.000 personnes.

Le rapport ajoute que les conditions matérielles de vie ont un effet déterminant sur la santé. À 35 ans, un ouvrier peut espérer vivre jusqu’à 77,6 ans, soit six années de moins qu’un cadre supérieur (84 ans).

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