Invité de BFM TV, Christian Estrosi, depuis peu ex-LR qui se dit être toujours «gaulliste chiraquien et sarkoziste», a de nouveau montré sa bonne disposition envers Emmanuel Macron. Faisant part de sa volonté que la France «gagne la vaccination» et ait une «relance économique grâce au plan de relance mis en place par le gouvernement», le maire de Nice a mentionné «un devoir de reconnaissance» envers le Président.
«Si nous avons ces résultats, la clé est que la France a gagné que les Françaises et les Français peuvent s’en sortir, je n’irai pas reprocher au Président sortant d’avoir réussi tout cela. Et donc il y a un moment où il y a un devoir aussi de reconnaissance et de loyauté», a-t-il déclaré au micro de Jean-Jacques Bourdin.
L’édile niçois est par ailleurs revenu sur la critique de certains Républicains qui l’avaient qualifié de «malfaisant». Il explique qu’Emmanuel Macron a «porté des réponses» là où son prédécesseur François Hollande «nous a méprisés pendent près de cinq ans», notamment en matière de compétitivité, de transition écologique et de sécurité.
«Les digues ont lâché»
Pour M.Estrosi, qui a pris la décision de quitter son parti en plein psychodrame en PACA, déclenché suite à l’annonce de l’alliance entre le président sortant de la région Renaud Muselier et LREM en vue des régionales, la «clarification» faite par la direction de LR aujourd’hui intervient «un peu trop tard».
«Lorsqu’il y a quatre semaines j’ai demandé une clarification face à cette espèce de "ni Macron ni Le Pen" affirmée par certains où on sentait que les digues étaient en train de lâcher, ils ont refusé à ce moment-là d’apporter cette clarification», déplore l’homme politique au micro de BFM TV.
«Ils l'amènent aujourd'hui mais les digues ont lâché […]. Un certain nombre a déjà franchi le pas en direction du parti de madame Le Pen», poursuit-il en faisant allusion notamment à Éric Ciotti, président de la Commission nationale d'investiture de LR. Celui-ci, rappelle M.Estrosi, a dit «voter contre Muselier et Estrosi» et, donc, voter pour le RN. D’après le maire de Nice, le soutien du RN doit représenter une «ligne infranchissable» pour les Républicains.
Lorsque LR se vide
Bien qu’il ait abandonné LR, Christian Estrosi, fondateur de son propre mouvement La France audacieuse, devenu en 2020 un parti, croit en un avenir pour la famille politique de droite.
S’adressant aux électeurs LR depuis le plateau de la chaîne de télévision en continu, il estime que cette formation politique aura encore «un rôle à jouer» tout en affirmant que «si elle n’est pas en mesure de le jouer, forcément, il y aura une recomposition autour d’une grande formation de droite et du centre parce que nous voyons bien aussi qu’à En Marche rien n’est tout clair, rien n’est parfait».
Ce n’est pas la première fois que l’édile de la préfecture des Alpes-Maritimes fait un tel clin d’œil à Emmanuel Macron. Encore en tant que membre de LR, en septembre dernier, l’homme politique avait évoqué un accord entre la droite et le Président de la République en vue de 2022, en pointant ainsi la proximité idéologique entre les Républicains et la macronie.
Tandis que certains Républicains ont décidé de s’allier à Macron, d’autres ont pris la décision de continuer séparément de LR mais, pour l’instant, en solo. C’est le cas notamment de Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France et Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France et candidat à la présidentielle de 2022.
Les régionales en PACA
Ce sont les régionales en PACA qui ont été l’élément déclencheur qui a poussé Christian Estrosi à quitter LR. Le second tour de cette élection verra probablement s’affronter le Républicain Renaud Muselier dont la liste contient plusieurs personnalités de la majorité présidentielle et Thierry Mariani, ex-Républicain, aujourd’hui candidat du RN.
Si les enjeux sont si importants dans cette région, tant pour LR que pour LREM, c’est parce que c’est le candidat du RN qui y est le mieux placé. Ainsi, selon un récent sondage d’Elabe, publié le 26 mai, Thierry Mariani est crédité de 43% des intentions de vote au 1er tour, alors que Renaud Muselier l’est de seulement 33%. En cas de duel Mariani-Muselier au second tour le 27 juin, l’issue du scrutin reste floue, les deux candidats étant, selon les estimations d’Elabe, au coude-à-coude (50%-50%).