À Nice, un commissaire médaillé serait un «chien fou» particulièrement violent

Une vidéo relayée par Libération montre un commissaire attraper des lycéens par les cheveux et les projeter violemment au sol. Selon une source policière, il s’agit de Rabah Souchi, mis en examen dans l’affaire Geneviève Legay pour «complicité de violences volontaires», mais aussi médaillé par le ministère de l’Intérieur.
Sputnik

Libération a diffusé une vidéo montrant l’intervention violente, le 6 décembre 2018, d’un commissaire de police durant le blocage d’un lycée niçois par des élèves s’opposant à la réforme de bac.

Selon une source policière du quotidien, le commissaire Rabah Souchi est «formellement identifié sur la vidéo». C’est lui qui, le 23 mars 2019, gérait à Nice le dispositif de maintien de l’ordre et avait alors ordonné une charge policière ayant provoqué de graves blessures à la tête et aux côtes de la militante Gilet jaune Geneviève Legay, 73 ans à l’époque. Une affaire qui avait finalement entraîné la mise en examen du fonctionnaire, 20 mois après les faits.

Attrapés par les cheveux

La séquence montre des jeunes courir pour quitter une rue où un feu s’est déclaré, vraisemblablement à cause d’une poubelle incendiée, indique Libération. Alors que la vidéo ne dure qu’une minute et 30 secondes, elle présente une série d’interpellations musclées.

Le média affirme qu’il s’agissait d’un commissaire de police, celui-ci portant un casque de moto alors que les autres avaient des casques d’intervention. En outre, il parlait à la radio, une priorité pour cette profession.

«Il est le seul à communiquer sur cette opération de maintien de l’ordre. Des éléments qui le rendent identifiable sur la vidéo parmi les autres policiers», souligne le quotidien.

Après s’être aléatoirement rué vers des élèves, il en agrippe quatre par l’arrière du col et les jette à terre, mettant même son pied sur le torse de l’un d’eux. Il attrape ensuite une jeune fille de l’autre côté d’une barrière et tente de la faire basculer par-dessus, en vain.

Récompensé par le ministère de l’Intérieur

Libération a sollicité la préfecture des Alpes-Maritimes, la direction départementale de la sécurité publique et Rabah Souchi ainsi que son avocat, mais n’a pas reçu de commentaire.

«Je ne vous dis rien là-dessus. Vous ne saurez rien de ma part, de sa part non plus», a précisé l’avocat du commissaire, qui, malgré sa mise en examen, reste en fonction à Nice sans intervenir pendant les manifestations. En 2019 il a même été récompensé par le ministère de l’Intérieur.

Or, une haute source de la hiérarchie policière a affirmé auprès de Libération qu’il «travaillait» bien le jour de la manifestation lycéenne.

«Un chien fou»

Cette vidéo, avant d’avoir été diffusée le 31 mai par le quotidien, avait fait parler d’elle au sein du commissariat. Un agent a expliqué à Libération qu’il avait appris son existence au début de cette année.

«C’est toujours surprenant, à mon sens, dans la mesure où c’est un patron», a-t-il estimé. «D’habitude, le patron est devant, il donne les ordres, il est calme, il contrôle ses effectifs. C’est lui qui est à l’initiative: dans la police, un commissaire qui donne une instruction, tout le monde le suit. Là, c’est un chien fou.»

En effet, au regard des images, les autres agents interpellent les jeunes sans gestes violents.

D’autres au sein du commissariat ont également pointé une attitude «agressive», ainsi qu’un chef qui «parle mal».

«Quoi qu’il en soit, on n’interpelle pas les gens comme ça, aléatoirement, en attrapant par la capuche, en appuyant avec la chaussure, s’indigne auprès de Libération un policier niçois qui souhaite garder l’anonymat. Attraper quelqu’un par les cheveux, c’est des violences. Quel est le cadre légal? C’est quoi l’infraction? Pour quoi faire? Tu fais ça à des gosses: ce n’est pas l’attitude à avoir, c’est disproportionné».

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