Alors que les relations russo-américaines sont toujours tendues et que l’entretien entre Poutine et Biden approche à grands pas, l’Otan poursuit ses manœuvres d'envergure dont une phase est prévue dans la région de la mer Noire. Cet exercice, baptisé Steadfast Defender, inclut de complexes déplacements terrestres et maritimes. La participation à ceux-ci du porte-avions HMS Queen Elizabeth, le plus puissant vaisseau jamais construit par la Marine britannique, ne fait qu’attester de l’ampleur de la mission de l’Alliance.
S’exprimant le 27 mai depuis le HMS Queen Elizabeth, le secrétaire général de l’Otan a déclaré que la participation aux manœuvres du navire britannique témoignait de «la contribution vitale» du Royaume-Uni à l’Alliance atlantique.
«Le Queen Elizabeth, premier porte-avions au monde conçu pour exploiter des aéronefs de combat de cinquième génération, préserve notre sécurité à tous par la puissance qu’il projette depuis ses ponts. Il transporte des marines américains. Protégé par une frégate néerlandaise, il est en route pour le Pacifique», a déclaré Jens Stoltenberg, dont les propos sont cités dans le communiqué de l’Otan.
Selon le responsable, les exercices maritimes en question représentent «un parfait exemple de la manière dont l’Europe et l’Amérique du Nord œuvrent ensemble, dans le cadre de l’Otan».
Steadfast Defender
D’après la publication officielle, Steadfast Defender -qui se déroule du 12 mai au 22 juin 2021- est le plus grand exercice de l’Otan de l’année 2021. La mission vise à mettre à l’épreuve la disponibilité opérationnelle et la mobilité militaire de l’Alliance «au travers du déploiement de forces par voies terrestre et maritime, depuis l’Amérique du Nord jusqu’à la région de la mer Noire et au large du Portugal».
Environ 5.000 militaires de 11 pays, 18 bâtiments de surface dont le groupe aéronaval britannique emmené par le HMS Queen Elizabeth, 1 sous-marin et plus de 40 aéronefs ont participé à l’exercice maritime qui s’est tenu au large des côtes portugaises du 20 au 28 mai, précise le site de l’Otan.
Les manœuvres en question prévoient également une opération terrestre sur le territoire roumain, où environ 4.000 soldats, 12 aéronefs, 10 chars, 173 véhicules blindés, 394 véhicules non blindés de 13 pays différents sont censés s’entraîner ensemble dans le cadre de plusieurs «exercices connexes» autour de la mer Noire, est-il indiqué.
Le HMS Queen Elizabeth
Le bateau de guerre britannique, d’ailleurs souvent comparé au porte-avions français Charles-de-Gaulle, avait quitté la base navale de Portsmouth le 22 mai, pour entamer sa première mission opérationnelle, indique une note de la Royal Navy. Le trajet par lequel le HMS Queen Elizabeth atteindra les côtes japonaises durera sept mois et demi, est-il indiqué.
Selon le site de la Marine britannique, ce navire est doté, armements et systèmes de communication mis à part, de cinq salles de sport, d’une chapelle et d’un centre médical. Le porte-avions est capable de transporter jusqu'à 40 avions, son pont d'envol -d’où décollent les F-35 Joint Strike Fighter- mesure quatre acres, soit près de 1,6 hectare, est-il précisé. Une minute suffit pour que quatre avions de combat puissent être déplacés de leur hangar au pont d'envol.
Les deux hélices du navire, qui pèsent environ 33 tonnes chacune, ainsi que le groupe motopropulseur derrière eux qui génère suffisamment de puissance pour faire fonctionner 1.000 voitures familiales, attestent également des capacités du bâtiment.
Selon les médias britanniques, la construction du HMS Queen Elizabeth a coûté plus de 3 milliards de livres sterling, soit plus de 3,4 milliards d’euros.
Contexte particulier
Les manœuvres de l’Otan ont lieu à quelques jours seulement de la rencontre tant attendue entre les dirigeants russe et américain, le premier entre Vladimir Poutine et Joe Biden. Cette entrevue, dont la possibilité avait pour la première fois été évoquée en avril lors d’une conversation téléphonique entre les deux chefs d’État, se tiendra le 16 juin à Genève.
Répondant à la question d’un journaliste concernant cette annonce du ministère russe de la Défense, le secrétaire général de l’Otan a renvoyé la balle en déclarant le 31 mai qu’au cours des dernières années, c’était Moscou lui-même qui avait «investi massivement dans de nouvelles capacités militaires modernes».
Selon M.Stoltenberg, ce comportement est «l’une des principales raisons» pour lesquelles l’Alliance avait dernièrement «augmenté l'état de préparation» de ses forces.