Algériens bloqués en France: «ce qui est le plus révoltant, c’est le prix des vols»

Avec l’ouverture des frontières et la reprise des vols commerciaux, la diaspora algérienne présente en France espérait pouvoir enfin se rendre en Algérie. Il n’en est rien. Bloquée en France depuis quatorze mois, elle est remontée contre son gouvernement et maintenant sa compagnie aérienne nationale. Explications.
Sputnik

La colère gronde toujours au sein de la diaspora algérienne en France.

Algériens bloqués en France ou personnes d’origine algérienne souhaitant se rendre dans leur pays d’origine ont toujours autant de mal à faire le voyage, malgré le récent assouplissement des mesures sanitaires prises par Alger. Ce 31 mai, le Président algérien a ordonné de baisser, voire de supprimer pour les plus modestes, les frais liés à la quarantaine obligatoire en cas de test PCR positif. Des conditions que certains jugent pourtant normales en période de pandémie mondiale.

«Dans d’autres pays, il y a des quarantaines forcées de deux semaines. Pour moi, il n’y a rien de choquant, c’est normal de prendre des mesures de la sorte pour éviter que la pandémie se poursuive», estime Nabil, un Algérien résidant en France, au micro de Sputnik.

«C’est honteux!» Le rapatriement des ressortissants algériens en France vire au calvaire
Le Président Abdelmadjid Tebboune semble avoir cédé face à la colère de manifestants présents devant le consulat algérien à Paris le 29 mai ou s’exprimant sur des groupes Facebook d’Algériens en France, qui comptent plusieurs dizaines de milliers d’adhérents, dans lesquels on pouvait lire: «M. Tebboune, l’Algérie n’est pas votre propriété privée. Non aux conditions absurdes pour rentrer chez nous!». Une colère qui s’exprimait aussi par le hashtag #Cestmondroitderentrerdansmonpays.

Rien n’y fait, avec la reprise de vols commerciaux au 1er juin, l’exaspération ne faiblit pas, elle a tout au mieux changé de cible. Les conditions de retour étant désormais plus accessibles à une diaspora qui ne roule pas nécessairement sur l’or, le mécontentement s’est reporté sur la compagnie aérienne nationale.

Air Algérie dans le collimateur

Si les frontières aériennes, terrestres et maritimes viennent de rouvrir, le moyen privilégié de retour pour une écrasante majorité d’Algériens reste la compagnie nationale Air Algérie, la seule pour le moment à offrir des liaisons régulières: six vols hebdomadaires à compter du 1er juin.

«Ce qui est le plus révoltant, c’est le prix des vols. Même si c’est un problème qui n’est pas nouveau, les prix ont vraiment explosé dernièrement», dénonce Nabil.

La rareté des billets disponibles face à une demande considérable a fait exploser le prix des billets d’avion.

​À tel point que certains préfèrent en rire qu’en pleurer. À l’image de cette caricature qui contraste le prix d'un vol Paris-New York revient à un vol Paris-Alger.

​Beaucoup n’arrivent pas à réserver de vols pour le mois de juin depuis le site de la compagnie nationale. Face à cette situation, le 31 mai, des ressortissants en colère se sont rués par dizaines vers les agences Air Algérie à Paris et à Marseille. À tel point que la police a dû intervenir pour disperser les foules et maintenir le calme, comme le montrent les images ci-dessous.

​Nombre d’Algériens appellent désormais au boycott de la compagnie, comme en témoignent le succès des hashtags #boycottairalgerie ou encore #boycotter_air_algerie sur les réseaux sociaux.

Algériens bloqués en France: «ce qui est le plus révoltant, c’est le prix des vols»

La gestion chaotique des liaisons entre les deux rives de la Méditerranée par Air Algérie ne date pas d’hier. Dès mars 2020, aux premiers jours de la pandémie, de nombreux ressortissants se sont vus refuser le retour. Certains d’entre eux dénonçaient déjà une gestion opaque, voire corrompue, de ces vols.

«Les ressortissants algériens souffrent»

À Orly, des Algériens et Français d’origine algérienne se voient refuser le rapatriement en Algérie - vidéo
Des vols de rapatriement sous conditions ont été organisés par la compagnie nationale, mais ces derniers ont été suspendus le 1er mars en raison de l’apparition du variant anglais fin février en Algérie. «Les ressortissants algériens souffrent. Beaucoup d’entre eux n’ont pas pu dire au revoir à des membres de leur famille qui sont décédés», déplorait au micro de Sputnik Obka, un citoyen algérien souhaitant rejoindre sa terre d’origine.

Les plus fortunés des ressortissants en France devraient vraisemblablement patienter encore quelques semaines avant de pouvoir rentrer chez eux. Pour les plus modestes, c’est une autre histoire.

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