Les agressions visant des livreurs de repas à domicile n’en finissent pas de se multiplier, depuis quelques semaines. À Cergy, un employé Uber Eats a subi une agression, s’il l’on en croit plusieurs vidéos ayant circulé sur Twitter. Celles-ci montrent un livreur noir attendant sur le parvis d’un restaurant, visiblement sonné, à côté d’une flaque de sang.
«Il y a quatre personnes qui sont passées vers 22h30 et qui voulaient manger. Comme on ferme à 21 heures, on les a refusées. Après, c’est parti en cacahuète et ils ont tapé un livreur Uber Eats qui attendait», confirme au Parisien le gérant du restaurant.
Les vidéos mises en ligne montrent également l’échange qui a suivi, entre un individu sous une capuche et une femme qui le filme, depuis un appartement. Celle-ci insinue qu’il a tabassé le coursier. Le présumé agresseur se présente comme un algérien, habitant le quartier. «Je suis Algérien, je te n*que ta mère, à toi et à ton mari», hurle-t-il notamment à la vidéaste.
La discussion s’envenime et le forcené finit par retirer sa capuche. Il ajoute à ses menaces des insultes ayant trait à l’esclavage.
«Espèce de négresse! espèce de sale noire! Personne te touche, même avec un bâton! [….] Nous les Algériens, on vous a vendu comme du bétail, comme du maïs, bande de bâtards!», crie-t-il ainsi.
Un incident qui ne manquera pas de raviver les débats autour de la traite négrière arabo-musulmane, moins de trois semaines après la Journée nationale des mémoires de l'esclavage. Un volet de l’histoire que certains préfèreraient ne pas voir mis en lumière.
En 2006, Christiane Taubira avait notamment déclaré à L’Express que cet aspect de la traite négrière ne devait pas être évoqué pour que les jeunes Arabes «ne portent pas sur leur dos tout le poids de l'héritage des méfaits des Arabes».
Réaction politiques
La série de vidéos n’a pas tardé à attirer l’attention des pouvoirs publics. Dénonçant une «agression choquante, violente et raciste», Marlène Schiappa a déclaré sur Twitter vouloir saisir le procureur de la République.
La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) a également annoncé qu’elle se penchait sur le dossier. Un peu plus tard, la Police nationale a précisé qu’une enquête judiciaire avait été ouverte.
Sur Twitter, le conseiller national LR Stéphane Tikki s’est pour sa part étonné que les «mouvements antiracistes» ne se montrent pas plus réactifs sur cette affaire.
Le restaurant Brasco, devant lequel s’est déroulé l’incident, a quant à lui précisé porter plainte, dans un message Facebook. Dans l’une des vidéos, la femme prise à partie semblait d’ailleurs s’étonner que personne ne réagisse à l’intérieur de l’établissement.
Le gérant du restaurant sous pression
L’affaire ne s’est pas arrêtée là, puisque plusieurs dizaines de jeunes se sont rassemblés le lendemain devant le fastfood afin de retrouver l’agresseur du livreur. La tension est montée entre certains d’entre eux et le gérant du restaurant, les jeunes exigeant qu’on leur montre les images de vidéosurveillance, rapporte Le Parisien.
Le maire de Cergy a finalement demandé la fermeture administrative provisoire du restaurant, afin d’éviter les débordements.
Ces dernières semaines, plusieurs agressions contre des livreurs de repas à domicile ont été rapportées. Dans le 10e arrondissement parisien, un guet-apens a notamment été tendu à un livreur de pizzas qui transportait une commande pour une centaine d’euros, le 29 mai. L’homme a été jeté à bas de son scooter et roué de coups par sept agresseurs, ainsi qu’il l’a relaté à BFM TV.
Un individu soupçonné d’avoir agressé un coursier Uber Eats avec un poing américain à Bayonne a également été placé en détention provisoire le 27 mai.