Déjà en proie à des dissensions suite à une affaire de cortège fermé aux blancs début mai, la sphère LGBT n’en finit plus de se déchirer. En désaccord avec l’Inter-LGBT, organisme qui gère la marche des fiertés parisienne, plusieurs associations ont choisi de monter leur propre manifestation, relate 20 Minutes.
Ce contre-rassemblement, organisé le 20 juin au lieu du 26, mettra à l’honneur les migrants, comme le précise un communiqué signé entre autres par Act Up Paris, le BAAM (Bureau d'Accueil et d'Accompagnement des Migrants) ou le syndicat Solidaires.
«La date de notre marche correspond à celle de la journée mondiale des réfugié·e·s et autres personnes déracinées. C’est l’occasion pour nous de rendre hommage à la force, au courage et à la persévérance de populations qui font partie des plus marginalisées de la société», écrivent les associations.
Une démarche qui fait écho aux concepts d’«intersectionnalité», voire de «convergence des luttes», très en vogue dans les campus américains. Ces théories visent à créer des passerelles en différents combats militants. En France, les termes d'«afroféminisme», popularisé notamment par la réalisatrice Amandine Gay, ou encore de «féminisme islamique», défendu par la sociologue Hanane Karimi, ont fleuri.
Au-delà de cette défense des migrants, certaines associations reprochent aux organisateurs de la marche des fiertés de ne pas être représentatifs. «L’organisation de l’Inter-LGBT est quasiment entièrement blanche», souligne auprès de 20 Minutes Pierrette Pyram, présidente du collectif Diivines LGBTQI+.
Une dent contre la police?
La présence à la gay-pride de l’association Flag!, dédiée aux forces de l’ordre, semble aussi avoir du mal à passer auprès de certains. Depuis 2002, le collectif présente en effet un char lors du défilé. Une présence qui s’accommode mal avec la lutte pour les droits des migrants, affirme à 20 Minutes Héloïse, présidente du Baam Paris.
«On va demander à des gens de défiler à côté d’agents qui les contrôlent toute la journée. Je ne suis pas unie avec la police nationale, et la police n’est pas l’alliée objective des migrants», déclare-t-elle.
Des paroles polémiques, à l’heure où certains syndicats de police dénoncent une haine anti-flic et un «police bashing» de plus en plus fréquent.
Cette contremarche des fiertés s’inscrira aussi dans une logique anticapitaliste. Certaines associations dénoncent en effet le «pink wahsing» pratiqué par des grands groupes, accusés de ne participer à la gay-pride que par intérêt.
«L’an dernier, il y avait Mastercard, Orange et Coca-Cola. Ce sont des grands groupes capitalistes et le capitalisme n’est pas compatible avec la lutte LGBT et antiraciste», résume Pierrette Pyram pour 20 Minutes.
Ces dissensions au sein de la communauté LGBT surviennent alors qu’un nouvel examen du projet de loi bioéthique, prévoyant notamment d’instaurer la PMA, est prévu le 7 juin à l’Assemblée nationale. Une loi jugée «raciste, validiste et transphobe» par ces associations LGBT dissidentes, conclut 20 Minutes.