Enquête sur l'attentat du 6 avril 1994 au Rwanda: 27 ans plus tard, la vérité qui dérange?

Le 6 avril 1994, le Falcon 50 transportant deux chefs d’État africains était abattu par un tir de missile au-dessus de l’aéroport de Kigali. Vingt-sept ans après, la justice n’est toujours pas parvenue à identifier les responsables de cet attentat. Retour avec Charles Onana sur ce que l’Onu a qualifié d’événement «déclencheur» du génocide rwandais.
Sputnik
«On connaît déjà la vérité, mais on ne veut pas l’officialiser», accuse Charles Onana devant les caméras de Sputnik.

Dans son discours à Kigali ce jeudi 27 mai, Emmanuel Macron n’a pas mentionné une seule fois l’attentat du Falcon 50, perpétré le 6 avril 1994. L’avion transportait le Président de la République rwandaise alors en exercice, Juvénal Habyarimana, ainsi que son homologue du Burundi, Cyprien Ntaryamira. «L’ensemble des enquêteurs internationaux et les enquêteurs des Nations unies sont unanimes pour dire que cet événement a mis le feu aux poudres. Il est donc absurde de ne pas chercher à savoir qui a allumé ce feu», fait observer Charles Onana. Pour l'auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur l’Afrique des Grands Lacs, dont Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise (Éd. L’Artilleur, 2019), la vérité ne fait aucun doute: les rebelles tutsis menés par le futur homme fort du Rwanda, Paul Kagame, sont à l’origine de cet attentat terroriste.

«Les Hutus des forces gouvernementales ne pouvaient pas avoir de missiles, car ils n’avaient pas d’endroit pour les stocker ni de spécialistes pour les utiliser. Les enquêteurs militaires belges sont arrivés à la conclusion que seul le FPR [Front patriotique rwandais, dirigé par Paul Kagame, ndlr] était en mesure d’avoir des missiles pour une raison simple: seuls leurs adversaires avaient des hélicoptères et des avions», explique Charles Onana.

Dans son livre Enquêtes sur un attentat (Éd. L’Artilleur), le docteur en science politique à l’Université Jean-Moulin– Lyon-III cite abondamment les différentes instructions (belge, françaises, espagnole ainsi que les deux menées par le Tribunal pénal international). Lesquelles, en dépit des pressions exercées par le régime de Kagame, finissent par exonérer les «extrémistes Hutus» dans cette affaire pour pointer du doigt le FPR tutsi.

«L’intérêt de Kagame et du FPR était très simple: il s’agissait de prendre le pouvoir. Ce n’est pas une tentative de coup d’État, c’est un coup d’État!», dénonce Charles Onana.
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