La question de la contagiosité et de la transmission du Covid-19 chez les personnes positives mais asymptomatiques a été décortiquée par les biologistes de l’Université du Colorado à Boulder dans une étude, publiée le 25 mai dans la revue scientifique PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences).
Le déroulement de l’étude
Les chercheurs ont analysé 72.500 tests salivaires pris chez les jeunes de logements étudiants de l’Université du Colorado à Boulder. Tous les prélèvements ont été réalisés entre août et décembre 2020, c’est-à-dire avant l’apparition des variants du virus et notamment de celui britannique, considéré comme extrêmement contagieux.
Au jour du prélèvement, tous les participants ont déclaré ne pas avoir de symptômes. Parmi eux, 1.405 cas positifs ont été révélés, tous étant donc pré ou asymptomatiques.
Une minorité qui porte la majorité des virions
Après avoir analysé les prélèvements positifs, les biologistes ont constaté que la charge virale chez différentes personnes atteintes variait considérablement.
Ainsi, environ 50% des positifs asymptomatiques étaient dans des phases non infectieuses de la maladie en raison de leur faible charge virale.
2% des personnes avaient en elles 90% de charge virale. Les chercheurs ont avancé que ces individus dits superporteurs pouvaient aussi être aussi des «superpropagateurs».
«On ne sait pas s'il s'agit de personnes spéciales capables d’abriter des charges virales extraordinairement élevées, ou si de nombreuses personnes infectées passent par une très courte période de charge virale extrêmement élevée. Indépendamment, il est vrai qu'à un moment donné un petit nombre de personnes portent en elles la grande majorité des virions», constate l’étude.
Les enjeux du dépistage
L’étude pourrait faire la lumière sur les raisons pour lesquelles les vagues épidémiques sont si difficiles à maîtriser.
«Jusqu'à présent, la propagation du SRAS-CoV-2 a été extrêmement difficile à contenir. L'une des principales raisons tient au fait que les personnes infectées présymptomatiques ainsi qu’asymptomatiques peuvent transmettre le virus à d'autres», avancent les chercheurs.
«Le dépistage massif pour identifier les superporteurs viraux pré et asymptomatiques sera primordial car s'ils ne sont pas localisés, ils continueront à alimenter et à faire progresser l'épidémie», concluent-ils.
Le dépistage des asymptomatiques
Une étude similaire est actuellement en cours en France. Baptisée Depist Covid, elle englobe 18 hôpitaux d'Île-de-France. L’objectif est de dépister des malades qui ont très peu ou pas de symptômes.
«Il faut trouver les moyens de dépister les asymptomatiques, c'est un enjeu énorme de la lutte contre l'épidémie», a commenté en avril au Parisien Anne-Claude Crémieux, infectiologue à l'hôpital Saint Louis (AP-HP) et l’une des auteurs de l’étude.
«En France, le dépistage est centré sur les personnes symptomatiques, les porteurs asymptomatiques ne sont pas testés, donc pas isolés, et c'est ainsi que le virus circule», a déploré, toujours au Parisien, Catherine Hill, épidémiologiste extérieure à cette étude.